(Portland) L’avion de ligne Boeing dont une porte s’est détachée au-dessus de l’Oregon n’était plus utilisé pour les vols vers Hawaii en raison des avertissements d’un système de pression d’air de la cabine, mais Alaska Airlines a continué à le faire voler au-dessus de la terre, ce qui soulève des questions quant à savoir si l’avion aurait dû être dans les airs.

Des voyants d’avertissement ont été déclenchés sur trois vols, y compris les deux jours avant l’incident en Oregon sur un nouvel appareil Boeing 737 Max 9, vendredi soir.

Les équipes de maintenance ont vérifié l’avion et l’ont autorisé à voler, mais Alaska Airlines a décidé d’interdire à l’avion les longs vols au-dessus de l’eau afin que l’avion « puisse retourner très rapidement à un aéroport » si le voyant d’avertissement réapparaissait, a déclaré dimanche Jennifer Homendy, présidente du Bureau national de la sécurité des transports (NTSB).

Mme Homendy a averti que le voyant de pression d’air pourrait ne pas être lié à l’incident de vendredi au cours duquel un panneau recouvrant une porte de sortie inutilisée a explosé tandis que le Boeing 737 Max 9 volait à environ 4,8 kilomètres au-dessus de l’Oregon.

Le vol de vendredi se dirigeait de l’Oregon vers la Californie du Sud et est rentré à Portland sans faire aucun blessé grave parmi des 171 passagers et six membres d’équipage. Mais la décision de l’autoriser à survoler la terre ferme a semblé illogique pour certains experts de l’aviation.

« Si vous avez peur d’emmener l’avion loin de la terre ferme, quelle en est la raison ? Alaska Airlines doit répondre à cette question », a souligné Steven Wallace, consultant en sécurité aérienne et pilote professionnel, qui a dirigé des enquêtes sur les accidents pour l’agence fédérale de l’aviation (FAA).

La FAA a immobilisé au sol tous les Max 9 exploités par Alaska et United et certains pilotés par des compagnies aériennes étrangères pour inspection après le vol de vendredi soir.

Les inspections se concentrent sur les bouchons utilisés pour sceller une zone réservée aux portes de secours supplémentaires qui ne sont pas nécessaires sur les avions Max 9 d’United et Alaska.

Des boulons desserrés

Lundi après-midi, United Airlines a indiqué avoir trouvé des boulons desserrés et d’autres « problèmes d’installation » sur les bouchons de porte qui ont été inspectés après l’incident d’Alaska Airlines.

« Depuis que nous avons commencé les inspections préliminaires samedi, nous avons trouvé des cas qui semblent liés à des problèmes d’installation dans le bouchon de porte, par exemple des boulons qui nécessitaient un serrage supplémentaire », a déclaré United, basé à Chicago.

Boeing, qui a eu son lot de problèmes avec divers avions au fil des ans, s’est engagé à « aider à répondre à toutes les conclusions » faites par les compagnies aériennes lors de leurs inspections.

La FAA a refusé de dire si l’avion d’Alaska Airlines en question aurait dû être autorisé à continuer à voler. L’agence a déclaré qu’« il serait prématuré » de commenter alors que le NTSB enquête sur le vol de vendredi soir.

Alaska Airlines, basée à Seattle, a également refusé de commenter, affirmant qu’elle aurait besoin de l’autorisation du NTSB pour discuter de l’avion et de son historique de maintenance. « Nous fournirons des informations dès que le NTSB nous le permettra », a déclaré la compagnie aérienne.

Lundi, la FAA a approuvé des directives pour inspecter les bouchons de porte des autres jets Max 9 et les réparer, si nécessaire. Cette décision devrait accélérer la remise en service de 171 avions que la FAA a cloués au sol samedi en vertu d’une ordonnance d’urgence.

Alaska Airlines possède 64 autres Max 9 et United Airlines en détient 79. Aucune autre compagnie aérienne américaine n’exploite ce modèle de Boeing 737.

L’action de Boeing a chuté de 8 %, tandis que celle de Spirit AeroSystems, qui fabrique le fuselage du 737 Max de Boeing, a plongé de 11 % lundi, premier jour à la bourse depuis l’incident. Les actions d’Alaska Airlines sont restées quasiment inchangées après avoir glissé plus tôt dans la séance.

Le voyant s’est allumé lors de trois vols précédents : les 7 décembre, 3 janvier et 4 janvier – la veille de la rupture du panneau. Mme Homendy a déclaré qu’elle n’avait pas tous les détails concernant l’incident du 7 décembre, mais a précisé que le voyant s’était allumé lors de vols le 3 janvier et le 4 janvier après l’atterrissage de l’avion.

Le NTSB a déclaré que la porte avait été retrouvée dimanche près de Portland, dans l’Oregon, par un professeur – pour l’instant connu uniquement sous le nom de Bob – qui l’a découverte dans son jardin et a envoyé deux photos au comité de sécurité.

Lors d’une conférence de presse dimanche soir, Mme Homendy a déclaré qu’une forte poussée d’air avait endommagé plusieurs rangées de sièges et arraché l’isolation des murs. La porte du cockpit s’est ouverte et a heurté la porte des toilettes.

Deux téléphones portables qui semblaient appartenir aux passagers du vol de vendredi ont été retrouvés au sol. L’un a été découvert dans une cour, l’autre au bord d’une route. Tous deux ont été remis au NTSB.

Les enquêteurs examineront notamment le panneau à la recherche de signes indiquant comment il s’est libéré.

Les enquêteurs ne seront pas en mesure d’entendre ce qui s’est passé dans la cabine de pilotage pendant le vol. L’enregistreur vocal de la cabine – l’une des deux boîtes noires – a enregistré par-dessus les sons du vol après deux heures, a déclaré Mme Homendy.

Des vols annulés

Lundi matin, Alaska Airlines a été contrainte d’annuler 20 % de tous les vols, soit 141 au total. United a annulé 221 vols, soit 8 % du total de ses vols prévus lundi.

Le président et chef de la direction de Boeing, Dave Calhoun, a convoqué mardi une webdiffusion à l’échelle de l’entreprise pour parler de l’incident avec les employés et la haute direction.

Le Max est la dernière version du vénérable 737 de Boeing, un avion bimoteur monocouloir fréquemment utilisé sur les vols intérieurs américains. L’avion est entré en service en mai 2017.

Deux avions Max 8 se sont écrasés en 2018 et 2019, tuant 346 personnes. Tous les avions Max 8 et Max 9 ont été cloués au sol dans le monde entier pendant près de deux ans jusqu’à ce que Boeing apporte des modifications à un système de commandes de vol automatisé impliqué dans les accidents.

Le Max a été en proie à d’autres problèmes, notamment des défauts de fabrication, des inquiétudes concernant la surchauffe qui ont conduit la FAA à demander aux pilotes de limiter l’utilisation d’un système d’antigivrage et un éventuel boulon desserré dans le système de gouvernail de direction.