(New York) L’Agence fédérale américaine de l’aviation civile (FAA) a ordonné samedi l’inspection immédiate de 171 appareils 737 MAX 9 de Boeing, maintenus au sol après un incident survenu vendredi lors d’un trajet aérien près de Portland (Oregon).  

La décision fait suite à un incident survenu vendredi, vers 18 h 30, heure locale (21 h 30 [heure de l’Est] samedi) peu après le décollage d’un vol Alaska Airlines depuis l’aéroport international de Portland (Oregon, nord-ouest), à destination d’Ontario (Californie).

Selon l’agence américaine chargée de la sécurité des transports, la NTSB, une porte s’est ouverte et détachée de la carlingue en plein vol.

La directive de la FAA « impose aux opérateurs (compagnies aériennes) d’inspecter l’appareil avant un nouveau vol », a indiqué l’agence dans un communiqué, estimant que cette opération nécessitait entre 4 et 8 heures par avion.

Selon des données communiquées par Boeing à l’AFP, quelque 218 exemplaires du 737 MAX 9 ont été livrés à ce jour.

Avant l’annonce de la FAA, la compagnie aérienne américaine Alaska avait déjà neutralisé la totalité de ses 65 avions de ce modèle.

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Au moment de l’incident, l’appareil, qui transportait 171 passagers et 6 membres d’équipage, était à près de 5000 m d’altitude, selon la NTSB.

Il s’agit d’une porte condamnée et masquée par une cloison qui ne laisse apparaître qu’un hublot, selon la NTSB, une configuration que propose Boeing aux clients qui le demandent.

La directive publiée samedi par la FAA concerne d’ailleurs les modèles « avec la porte du milieu bouchée », selon le document publié sur son site.

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Après avoir fait demi-tour, l’avion est revenu se poser à son aéroport d’origine, l’incident n’occasionnant que quelques blessés légers.

« C’était vraiment brutal. A peine en altitude, la façade du hublot s’est juste détachée et je ne m’en suis aperçu que lorsque les masques à oxygène sont descendus », a raconté un passager du vol, Kyle Rinker, à la chaîne américaine CNN.

Selon la NTSB, personne ne se trouvait aux deux places immédiatement à côté de la cloison qui s’est envolée.

Mais selon des passagers cités par le quotidien de Portland, The Oregonian, un adolescent assis dans cette rangée a eu sa chemise arrachée par la décompression, occasionnant des blessures légères.

« La première chose qui m’est venue à l’esprit c’était “je vais mourir” », a expliqué Vi Nguyen, également passagère, au New York Times.

« Beaucoup de chance »

Le secrétaire américain aux Transports, Pete Buttigieg, a évoqué sur X « un incident terrifiant » et dit être en contact avec la FAA.

« Nous avons beaucoup, beaucoup de chance que cela ne se soit pas terminé de façon plus tragique », a déclaré la présidente de la NTSB, Jennifer Homendy, lors d’un point de presse.

Samedi, Alaska Airlines a indiqué, sur le réseau social X (ex-Twitter), que « plus du quart » de sa flotte de 737 MAX-9 avait été inspecté depuis l’incident et dit n’avoir pas trouvé, à ce stade, « d’élément préoccupant ».

« Nous avons le réseau aérien (civil) le plus sûr du monde », a martelé Jennifer Homendy. « Nous sommes un étalon mondial […], mais nous devenons préserver ce standard. »

La responsable a révélé que, selon de premières analyses, la porte était tombée au-dessus de Cedar Hills, dans la proche banlieue de Portland. Elle a appelé les résidents de la zone à se manifester si l’un d’entre eux la trouvait.

L’appareil incriminé avait été certifié en novembre, selon le registre de la FAA disponible en ligne.

« Nous sommes en accord avec la FAA et soutenons sa décision de réclamer une inspection immédiate des 737-9 de même configuration que l’appareil incriminé », a réagi Boeing dans une déclaration transmise à l’AFP.

United, qui possède la flotte de 737-9 la plus importante au monde, a annoncé à l’AFP laisser au sol 46 appareils en attente d’inspection, 33 ayant déjà été examinés.

Son concurrent Aeromexico a, lui, décidé de clouer au sol tous ses 737 MAX 9 jusqu’à ce que les vérifications aient été effectuées, et la companie panaméenne Copa Airlines a suspendu l’exploitation de 21 appareils.

L’incident intervient après que le 737 MAX a connu une série de problèmes techniques et deux crashes ces dernières années.

Ces deux accidents, qui avaient causé la mort de 346 personnes en octobre 2018 et mars 2019, ont entraîné le maintien au sol du 737 MAX durant 20 mois, et l’imposition de changements dans le système de contrôle en vol.

Plus récemment, Boeing a dû ralentir ses livraisons à cause de problèmes sur le fuselage, en particulier sur la cloison étanche arrière de l’appareil.

A fin décembre, Boeing avait livré au total plus de 1370 exemplaires du 737 MAX et son carnet de commandes atteignait plus de 4000 unités.

Suspendues par la Chine depuis les crashes, les livraisons de 737 MAX aux compagnies chinoises n’ont toujours pas repris.

Les transporteurs canadiens n’ont pas de 737 MAX-9 dans leur flotte

Les compagnies aériennes canadiennes disent que leur flotte ne compte pas d’appareils 737 MAX-9 de Boeing, ces avions qui ont été cloués au sol par les autorités américaines après un incident dans le ciel de l’Oregon.

Les transporteurs canadiens comme Air Canada, WestJet, Flair Airlines ou Lynx Air disent avoir des 737 Max-8 dans leur flotte.

Air Canada dit que ses 40 appareils de la série 737 MAX-8 n’ont pas de porte de sortie à la mi-cabine, contrairement au 737 MAX-9. Selon la compagnie, cela rend l’avion très sûr.

Une porte-parole de WestJet, Julia Kaiser, dit que les MAX-8 de la compagnie n’ont pas la même configuration que l’avion dont le hublot a explosé en vol. Elle ajoute que WestJet est en communication constante avec Boeing pour s’assurer qu’il n’y aura pas de conséquence pour sa flotte de MAX-8.

En mars 2019, le ministère fédéral des Transports avait ordonné la fermeture immédiate de l’espace aérien canadien au Boeing 737 MAX-8 à la suite de deux catastrophes aériennes ayant entraîné la mort de 346 personnes en Indonésie et en Éthiopie. L’avis d’interdiction a été levé en janvier 2021.

La Presse Canadienne, avec des informations de l’Associated Press