(New York) Un quadragénaire a été inculpé lundi au Vermont de tentative de meurtre après avoir blessé par balle trois étudiants, possiblement visés en raison de leur origine palestinienne, dans un contexte de hausse des actes racistes aux États-Unis depuis le début de la guerre à Gaza.

Cette agression a soulevé l’indignation, le président Joe Biden se disant « horrifié » d’après sa porte-parole.

Le procureur général des États-Unis Merrick Garland a indiqué qu’une « enquête était en cours, notamment pour savoir s’il s’agit d’un acte criminel motivé par la haine ».

Le suspect, identifié comme Jason Eaton, 48 ans, a été arrêté dimanche soir après une fouille de son domicile, près duquel les faits avaient eu lieu la veille au soir, a indiqué la police de Burlington.

PHOTO POUVOIR JUDICIAIRE DU VERMONT VIA REUTERS

Jason Eaton a comparu par vidéo devant le tribunal depuis l’établissement correctionnel du Vermont, à Swanton, le 27 novembre.

Il est soupçonné d’avoir, dans cette ville du nord du Vermont, tiré à quatre reprises avec une arme de poing de calibre .380 sur les trois étudiants, âgés de 20 ans, les atteignant tous les trois.

« L’un d’eux a subi des blessures dont les séquelles pourraient le suivre toute sa vie », a précisé le chef de la police Jon Murad lors d’une conférence de presse. Les deux autres avaient été décrits dimanche comme étant dans un « état stable ».

Les trois étudiants, qui passaient les fêtes de l’Action de grâce à Burlington, près de la frontière canadienne, marchaient dans la rue en échangeant en anglais et en arabe quand le suspect s’est présenté devant eux, sans parler, et a ouvert le feu avant de prendre la fuite, a expliqué M. Murad. Deux victimes portaient un keffieh, le foulard traditionnel palestinien.

Deux d’entre elles sont américaines et la troisième réside légalement aux États-Unis, d’après les autorités.

Le suspect a été maintenu en détention sans possibilité de libération sous caution, d’après la presse américaine.

« Acte haineux »

« Bien que nous n’ayons pas encore de preuve pour dire qu’il s’agit d’un crime motivé par la haine, il est très clair que nous avons affaire à un acte haineux », a souligné la procureure du comté de Chittenden, Sarah George.

Aux États-Unis, un crime motivé par la haine désigne un acte contre une personne ciblée en raison de certaines caractéristiques de son identité comme l’ethnicité, la religion, la nationalité, l’orientation sexuelle ou un handicap.

Dans un communiqué, les familles des trois victimes avaient demandé dimanche aux autorités de traiter l’affaire comme telle.

Le Comité arabe-américain contre la discrimination a affirmé avoir « des raisons de croire que cette fusillade a eu lieu car les victimes sont Arabes ».

« Le fait que quelque chose comme ça leur arrive montre le niveau de tension et de haine qui existe dans certaines parties » des États-Unis, a souligné un oncle d’une victime, Rich Price.

Radi Tamimi, oncle d’une autre victime, a assuré que son neveu avait grandi en Cisjordanie occupée. « On a toujours pensé que le faire venir ici serait la bonne décision » pour sa sécurité, a-t-il dit. « D’une certaine façon, on se sent trahis. »

Aux États-Unis, le contexte de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre suscite de fortes tensions et a donné lieu à une hausse des actes antisémites et islamophobes.

Début octobre, un garçon palestino-américain de six ans a été poignardé près de Chicago par un septuagénaire inculpé de crime raciste, un acte directement lié à la guerre en cours à Gaza selon la police.

En Californie, un professeur est poursuivi pour homicide involontaire après la mort d’un homme de confession juive lors d’un rassemblement début novembre qui avait tourné à l’altercation entre pro-Palestiniens et pro-Israéliens.

« Nous avons tous constaté une augmentation très nette du nombre et de la fréquence des menaces contre les communautés juives, musulmanes et arabes à travers le pays depuis le 7 octobre », a noté lundi le procureur général Garland.

« Il y a une peur compréhensible dans ces communautés », a-t-il ajouté.

Merrick Garland a assuré que le département de la Justice « surveillait de près ce que l’impact du conflit au Proche-Orient peut susciter auprès d’organisations terroristes et d’extrémistes violents aux États-Unis comme à l’étranger ».