(New York) Scène inhabituelle au procès civil de Donald Trump : l’ancien président des États-Unis a dû s’expliquer à la barre mercredi sur de nouveaux commentaires offensants à l’extérieur de la salle d’audience et a écopé d’une deuxième amende, de 10 000 dollars, après avoir plaidé en vain le malentendu.

Le juge Arthur Engoron a estimé que le milliardaire républicain s’en était pris une nouvelle fois à sa greffière principale, tandis que Donald Trump lui a assuré qu’il visait en fait son ennemi juré Michael Cohen, qui témoigne contre lui depuis mardi dans cette affaire de fraude sur la valeur des actifs immobiliers de la Trump Organization.

« Le témoin (Donald Trump) n’a pas été crédible », a tranché le magistrat, avant de signifier une amende de 10 000 dollars. Vendredi, Arthur Engoron avait déjà prononcé une première amende de 5000 dollars, pour une publication jugée insultante sur sa greffière, restée sur le site DonaldJTrump.com pendant 17 jours malgré la demande de retrait du magistrat.

Cette fois, les mots de Donald Trump étaient ambigus. « Ce juge est un juge très partisan avec une personne vraiment partisane assise à ses côtés, peut-être encore plus partisane que lui », avait-il déclaré devant les caméras, dans le couloir menant à la salle d’audience.

Informé de cette nouvelle sortie, le juge a rappelé qu’il avait interdit dès le deuxième jour du procès tout commentaire à l’encontre des membres de son équipe.  

« Chef mafieux »

Après que ses avocats eurent plaidé un malentendu — Michael Cohen était assis à gauche du juge, sa greffière à droite — Arthur Engoron a voulu entendre la version de l’ancien président lui-même et lui a demandé de s’asseoir à la place des témoins, pour la première fois depuis le début du procès il y a trois semaines.

Visage fermé, Donald Trump a répondu « vous et Cohen » quand le juge lui a demandé qui il visait. Sans convaincre.

L’audience s’est poursuivie par la fin du témoignage de Michael Cohen, passé au grill par les avocats de Donald Trump, qui ont souligné ses « mensonges », et ses revirements depuis l’époque où il travaillait pour l’ancien président.  

PHOTO BRENDAN MCDERMID, REUTERS

L'ex-avocat de Donald Trump, Michael Cohen

Ancien avocat personnel de Donald Trump, Michael Cohen s’était retourné contre lui après avoir été rattrapé par la justice américaine en 2018, puis condamné à trois ans de prison pour évasion fiscale, mensonge devant le Congrès, et violation des lois de financement de campagne électorale au profit de son ancien patron.

Poussé dans ses retranchements, il a fini par reconnaître qu’il ne se souvenait pas d’une intervention directe de Donald Trump pour lui demander de gonfler la valeur de ses actifs immobiliers, une apparente contradiction avec son témoignage la veille.

Les avocats de Donald Trump ont alors demandé au juge de prononcer immédiatement un verdict et de blanchir leur client, ce qu’il a refusé, provoquant le départ précipité de l’ancien président américain, visiblement furieux, de la salle d’audience.

Michael Cohen a ensuite expliqué que Donald Trump s’exprimait comme un « chef mafieux », sans donner d’ordre explicite. Donald Trump « pouvait nous dire : “ je ne vaux pas 4,5 milliards (de dollars). Je suis plus autour de 6 milliards », avait-il déjà raconté mardi.