(Washington) Un avocat de la campagne de Donald Trump en 2020, Kenneth Chesebro, a plaidé coupable vendredi de manœuvres illégales pour inverser les résultats de l’élection, fragilisant la ligne de défense de l’ex-président américain.

La semaine judiciaire chargée se termine particulièrement mal pour Donald Trump, condamné vendredi à une amende par un juge à New York pour violation de son interdiction de tout commentaire désobligeant envers son équipe, dans un procès au civil pour fraudes financières.

Kenneth Chesebro, 62 ans, visé par sept chefs d’accusation, a plaidé coupable du seul chef de faux en écriture, lors d’une audience à Atlanta, capitale de l’État de Géorgie (sud-est).

Il a été condamné à cinq ans de prison avec sursis, 5000 dollars d’indemnisation pour la Géorgie, 100 heures de travaux d’intérêt général et a remis une lettre d’excuses aux électeurs de cet État.

Il lui est essentiellement reproché d’avoir rédigé et envoyé des notes en vue de substituer aux grands électeurs obtenus en 2020 en Géorgie par le démocrate Joe Biden ceux du président sortant républicain, une manœuvre au cœur du complot présumé.

Au total, 19 prévenus, dont Donald Trump et son ancien avocat personnel, Rudy Giuliani, sont cités dans l’acte d’accusation délivré le 14 août en vertu notamment d’une loi de Géorgie sur la criminalité en bande organisée utilisée par la procureure Fani Willis.  

M. Chesebro devra, en échange de l’abandon des six autres chefs d’accusation, témoigner aux futurs procès des autres prévenus, à une date encore indéterminée.

« Dominos »

L’avocate conservatrice Sidney Powell, 68 ans, qui devait être jugée avec lui lors d’un procès débutant lundi et désormais annulé, a plaidé jeudi coupable de six délits de complot en vue d’ingérence dans l’accomplissement de tâches électorales.

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L’avocate Sidney Powell

Condamnée à six ans de prison avec sursis, 6000 dollars d’amende et 2700 dollars d’indemnisation, cette ancienne procureure fédérale a été principalement impliquée dans une intrusion dans un centre électoral en Géorgie pour copier illégalement des données informatiques.

L’acte d’accusation mentionne également sa participation à une réunion à la Maison-Blanche le 18 décembre 2020 en présence de MM. Trump et Giuliani portant sur des stratégies visant à influer sur le résultat du scrutin présidentiel « y compris la saisie de matériel électoral ».

« Les dominos commencent à tomber », a commenté sur les réseaux sociaux l’ancien procureur fédéral Renato Mariotti après l’accord conclu par Kenneth Chesebro. « Trump prévoit de se dédouaner sur les avocats, mais ce seront maintenant des témoins de l’accusation qui le pointeront du doigt », a-t-il ajouté.

Outre Kenneth Chesebro et Sidney Powell qui avaient réclamé un jugement rapide, un premier prévenu, Scott Hall, a déjà plaidé coupable le 29 septembre, portant ainsi à trois jusqu’à présent le nombre de coprévenus ayant passé aux aveux dans cette affaire.

« L’accord avec Chesebro est un grand coup pour Fani Willis, mais peut-être encore plus pour Jack Smith », estime l’ancienne procureure fédérale Joyce Vance en référence au procureur spécial qui instruit une procédure fédérale pour tentatives présumées illicites d’obtenir l’inversion des résultats du vote de 2020 dans sept États clé.

La campagne Trump a « tenté l’arnaque aux faux grands électeurs dans plusieurs États et Chesebro en était l’architecte », souligne-t-elle.

A contrario de la procédure tentaculaire en Géorgie, le dossier instruit au niveau fédéral par Jack Smith, vise un unique inculpé : Donald Trump, qui sera jugé dans ce dossier à Washington à partir du 4 mars 2024.

La juge dans ce procès, Tanya Chutkan, lui a interdit le 16 octobre, ainsi qu’à toutes les parties, tout commentaire public visant les procureurs, le personnel du tribunal, et les témoins. Elle a néanmoins suspendu vendredi cette décision à la suite de l’appel des avocats de Donald Trump, donnant à la défense et à l’accusation jusqu’au 28 octobre pour lui soumettre leurs arguments.  

L’ancien président, favori des primaires républicaines, dénonce ses tracas judiciaires comme autant d’« ingérences électorales » à l’instigation de l’administration Biden pour l’écarter de la course à la Maison-Blanche en 2024.