(Washington) Le Sénat américain a confirmé mercredi le général Charles Brown au poste de chef d’état-major des armées, l’une des centaines de nominations bloquées par un sénateur républicain opposé à l’avortement.

Ce général afro-américain avait été présenté en mai par le président Joe Biden comme un « guerrier » doté des plus grandes qualités militaires, mais aussi mobilisé contre le racisme.  

Il deviendra le deuxième Afro-Américain à faire office de chef d’état-major des armées, après Colin Powell de 1989 à 1993 et sera sous les ordres d’un secrétaite à la Défense également noir : Lloyd Austin.

La validation de sa nomination, approuvée à 83 voix contre 11, était bloquée, tout comme plus de 300 autres, par le sénateur Tommy Tuberville, vent debout contre la politique du Pentagone favorable à l’accès à l’avortement des soldates.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a aussi lancé le processus pour que des votes se tiennent sur la confirmation de deux autres nominations : celle du général Randy George en tant que chef d’état-major de l’armée de Terre et celle du général Eric Smith en tant que commandant des Marines.

« Ils devraient déjà être à leurs nouveaux postes. Le Sénat ne devrait pas se voir contraint à des contorsions de procédure juste pour faire plaisir à un seul sénateur sans gêne et malavisé », avait lancé M. Schumer plus tôt mercredi.

Charles Brown est l’actuel commandant de l’armée de l’air et doit remplacer le général Mark Milley lorsque ce dernier prendra sa retraite le 29 septembre.

C’est un ancien pilote très expérimenté, décrit par le président Biden comme « un dirigeant téméraire et un patriote inflexible ».

Le ministre de la Défense l’a félicité pour la confirmation de sa nomination et critiqué l’attitude de Tommy Tuberville qui « met en danger notre sécurité nationale et notre préparation militaire ».

Répercussions négatives

Le Sénat approuve d’ordinaire les nominations militaires rapidement et par consentement unanime.

Mais depuis des mois, Tommy Tuberville, sénateur de l’Alabama, bloque délibérément des centaines de nominations à des postes militaires. Le républicain s’oppose à l’aide financière accordée par Pentagone aux militaires devant voyager pour avorter, depuis que des États ont supprimé le droit à l’avortement après une décision de la Cour suprême l’an dernier.

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Tommy Tuberville

Le Sénat peut passer outre cet obstacle en organisant un vote sur chaque nomination, mais le processus devient alors beaucoup plus long que la procédure habituelle permettant de les approuver à l’unanimité, sans vote.

M. Schumer s’était jusqu’ici montré réticent à tenir ces votes individuels. Il ne s’y est décidé que pour contrer une tentative de M. Tuberville de forcer un vote sur la seule nomination du général Eric Smith.

Tommy Tuberville a campé sur sa position mercredi, assurant qu’il continuerait son blocage « tant que les politiques illégales du Pentagone sur l’avortement resteront en place ».

Les responsables américains de la Défense ont à plusieurs reprises averti des répercussions négatives de ce retard dans la validation des nominations.

M. Milley a dit le mois dernier à l’AFP que la situation pouvait donner aux adversaires l’impression « erronée » que les États-Unis se trouvent dans une situation « de division interne, d’instabilité, de confusion et de friction au plus haut niveau de (leur) armée ».