Alors que les élèves de la ville de New York s’apprêtent à reprendre le chemin de l’école jeudi, une question majeure reste en suspens pour des dizaines de milliers de familles : leurs enfants bénéficieront-ils d’un service de bus jaune pour se rendre à l’école et en revenir cet automne ?

Près de la moitié des employés des bus scolaires de la ville ont prévenu qu’ils quitteraient leur emploi s’ils ne parvenaient pas rapidement à un accord avec les entreprises de bus dans le cadre de leurs négociations contractuelles.

Les dirigeants syndicaux se sont engagés cette semaine à ce que le service de transport ne soit pas interrompu pendant la première semaine d’école. Mais ils n’ont pas donné d’autres garanties, ce qui laisse craindre un semestre chaotique pour un grand nombre d’élèves – plus de 80 000 – qui dépendent des bus pour se rendre à l’école.

« Le temps presse », a déclaré Carolyn Rinaldi, chef du personnel de la section locale 1181 de l’Amalgamated Transit Union.

Le maire, Eric Adams, et le chancelier des écoles, David C. Banks, ont prévenu qu’un débrayage créerait d’importants problèmes ayant « de profondes implications pour certains de nos élèves les plus vulnérables », notamment les personnes handicapées, les sans-abri et ceux qui fréquentent les « écoles à charte » (c’est-à-dire des écoles privées à financement public).

PHOTO YUKI IWAMURA, ASSOCIATED PRESS

Le maire de New York, Eric Adams, lors d’une mêlée de presse lundi

Mais les autorités ont également cherché à rassurer les familles en leur montrant que la Ville était prête. Les écoles distribueront gratuitement des cartes de métro d’urgence aux familles concernées.

Les élèves bénéficiant de droits fédéraux en matière de transport – y compris ceux qui vivent dans des logements temporaires ou dans des familles d’accueil – pourront bénéficier d’un service de covoiturage gratuit. Enfin, les écoles excuseront jusqu’à deux heures de retard pour tous les élèves touchés par une grève.

Pourtant, l’incertitude a déclenché ces dernières semaines une ruée parmi les responsables des écoles et les familles, rappelant les réouvertures turbulentes en temps de pandémie.

Lors d’un rassemblement mardi devant le bâtiment du département de l’Éducation de la ville dans le sud de Manhattan, un petit groupe de parents et de défenseurs a demandé un plan plus solide.

« Honnêtement, je n’ai aucune idée de ce que je ferais », a déclaré Rima Izquierdo, une mère du Bronx dont les trois enfants prennent le bus pour aller à l’école, y compris son fils de 17 ans présentant un trouble du spectre de l’autisme. « Il va en découler une perte de formation. »

L’éventualité d’un débrayage risque de bouleverser les transports scolaires à un moment où les bus de la ville de New York sont déjà confrontés à des problèmes. Plus de 14 400 retards de bus ont été signalés en octobre 2022, le total mensuel le plus élevé depuis 2017. Les élèves handicapés – dont beaucoup ont un droit légal à un service de transport – ont dû faire face à des attentes plus longues. Parfois, les bus ne se présentaient pas du tout.

Une grève pourrait transformer un mal de tête permanent en cauchemar. La dernière fois que les employés des bus de la ville ont débrayé pendant un mois en 2013, la fréquentation scolaire a chuté pour les élèves handicapés.

La réponse de la Ville a fait l’objet d’un examen minutieux vendredi, lorsque M. Adams a semblé suggérer que les familles n’avaient pas droit au transport. « Ce que beaucoup de gens ne réalisent pas, c’est que le transport scolaire est un service que nous fournissons. Ce n’est pas un mandat », a déclaré M. Adams lors d’une conférence de presse. « Nous fournissons ce service parce que nous pensons que c’est la bonne chose à faire pour nos enfants. »

Amaris Cockfield, porte-parole de la mairie, a déclaré plus tard sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter, que le maire avait spécifiquement fait référence à « la population non mandatée qui est transportée par bus scolaire ».

Ailleurs, des villes allant de Newark (New Jersey) à Los Angeles ont été confrontées à des problèmes de transport de plus en plus importants en raison de la pénurie de chauffeurs de bus qui sévit dans tout le pays. À Chicago, troisième système de transport en importance du pays, les lacunes ont récemment privé des milliers de familles d’un service garanti.

À Louisville, dans le Kentucky, les problèmes de transport ont été tels que les écoles ont fermé pendant plus d’une semaine le mois dernier.

À New York, les travailleurs de plusieurs entreprises de bus, dont Consolidated, Logan et Pioneer, ont voté à une écrasante majorité en faveur de l’autorisation d’une grève à l’expiration de leur contrat en juin. Les responsables de leur syndicat ont indiqué que les questions économiques constituaient un point d’achoppement dans les négociations, mais n’ont pas détaillé publiquement leurs propositions.

« Les conducteurs, les accompagnateurs et les employés d’atelier n’arrivent tout simplement pas à joindre les deux bouts », a déclaré Tomas Fret, le président du syndicat des transports, dans un communiqué publié le mois dernier.

Les négociations pourraient encore être résolues sans grève. Le chancelier des écoles a déclaré lors d’une récente conférence de presse qu’il avait bon espoir. « Nous sommes à la table des négociations », a déclaré M. Banks. « Nous essayons d’être aussi utiles que possible. »

Lundi, M. Adams a également annoncé la signature d’un contrat pour les travailleurs du Staten Island Ferry, après plus de 12 ans d’absence de contrat pour leur syndicat.

La menace de perturbations a ravivé des souvenirs douloureux pour les familles qui se souviennent de la grève de 2013. « C’était tellement stressant », a déclaré Lori Podvesker, dont le fils, Jack, présente des troubles du développement et avait 10 ans à l’époque.

Cette fois-ci, la Ville semble un peu mieux préparée, a déclaré Mme Podvesker, qui est également directrice de la politique en matière de handicap et d’éducation à INCLUDEnyc. Mais elle craint qu’une grève n’aggrave les inégalités du système.

« Nous ne tolérerions jamais une telle situation pour les élèves inscrits dans des programmes pour enfants doués et talentueux », a déclaré Mme Podvesker. « On a l’impression que nos enfants ne sont pas aussi importants que les autres. »

Cet article a d’abord été publié dans le New York Times.

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