(New York) La chaîne américaine préférée des conservateurs Fox News a qualifié mardi soir Joe Biden de « dictateur en herbe » (« wannabe dictator »), suscitant de nombreuses moqueries ou commentaires outrés, tandis que ses concurrentes CNN et MSNBC ont choisi de ne pas diffuser en direct le discours de Donald Trump après son inculpation historique.  

Ce décalage dans la couverture médiatique de l’évènement est une nouvelle illustration du clivage du climat politique aux États-Unis, un phénomène désormais ancien et auquel les chaînes d’information en continu n’échappent pas.

« Le dictateur en herbe parle à la Maison-Blanche après avoir fait arrêter son rival politique », pouvait-on lire sur un bandeau de Fox News, un peu avant 21 h mardi soir, au moment où l’écran était coupé en deux avec d’un côté, des images de Joe Biden s’exprimant du siège de la présidence, et Donald Trump devant ses partisans, dans l’un de ses golfs, situé dans le New Jersey.

Un message faisant directement écho à celui de Donald Trump, qui fête ses 77 ans mercredi : « Lorsque vous arrêtez votre principal opposant politique, nous ne sommes plus en démocratie », a lancé l’ancien président après sa comparution devant un tribunal fédéral à Miami.

Il y avait plaidé non coupable aux 37 chefs d’inculpation qui le visent dans l’affaire des documents top secret de la Maison-Blanche, dont des informations confidentielles sur les armes nucléaires qu’il est accusé de ne pas avoir rendus aux Archives nationales après la fin de son mandat.

L’ancien président a été inculpé pour « rétention illégale d’informations portant sur la sécurité nationale », « entrave à la justice » et « faux témoignage ».

Turbulences

Le bandeau, qui a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux, est apparu durant l’émission Fox News Tonight, un nouveau programme qui a remplacé celui de l’ancienne vedette de la chaîne Tucker Carlson en première partie de soirée.

Depuis le départ de l’antenne, fin avril, de ce personnage devenu incontournable dans le monde médiatique conservateur, connu pour ses positions radicales et son goût pour certaines théories complotistes, l’audience de Fox News a décliné sur cette tranche horaire.

La chaîne du magnat des médias Rupert Murdoch a aussi dû faire face à un coûteux règlement à l’amiable en acceptant de verser en avril 787,5 millions de dollars américains à l’entreprise de machines de vote électronique Dominion Voting Systems, pour éviter un procès en diffamation à haut risque sur sa couverture de l’élection présidentielle de 2020.

La séquence de l’inculpation de Donald Trump intervient dans un moment de turbulences pour les chaînes d’info en continu aux États-Unis, non seulement Fox News, mais aussi CNN.  

Cette dernière avait décidé mardi soir, comme MSNBC, de ne pas diffuser le discours de Donald Trump en direct après avoir densément couvert son inculpation, « parce que franchement, il dit beaucoup de choses qui ne sont pas vraies et qui sont parfois potentiellement dangereuses », a expliqué à l’antenne le journaliste Jake Tapper.

Confrontée aussi à une baisse de ses audiences, CNN avait été critiquée pour avoir diffusé une émission en direct avec Donald Trump le 10 mai, une séance de questions-réponses durant laquelle l’ancien président avait multiplié les provocations et les fausses informations sur la présidentielle prétendument « truquée » de 2020, devant des partisans acquis à sa cause.

L’émission avait été mal vécue en interne et a accéléré le départ, le 7 juin, du PDG de CNN, Chris Licht, déjà contesté.