(Washington) Joe Biden, qui cherche à consolider ses alliances en Asie et dans le Pacifique, a assuré lundi le président philippin Ferdinand Marcos de son soutien « indéfectible », en pleine poussée de tension avec la Chine.

« Nous faisons face à de nouveaux défis et je ne pourrais rêver de meilleur partenaire que vous », a-t-il dit en recevant son homologue dans le bureau Ovale.

Ferdinand Marcos, accompagné de son épouse Louise Araneta-Marcos, a eu droit à une réception un peu plus solennelle que celle réservée à la plupart des chefs d’État reçus à la Maison-Blanche.

Joe et Jill Biden ont accueilli le couple à sa descente de voiture, encadrés par des militaires en grande tenue portant les drapeaux des deux pays.

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Joe et Jill Biden accueillant Ferdinand Marcos Jr. et son épouse Louise Araneta

Les deux chefs d’État ont fait de courtes remarques devant la presse avant leur réunion bilatérale.

« Engagement indéfectible »

Le président américain a indiqué qu’il enverrait pour la première fois une « mission sur le commerce et l’investissement » aux Philippines.

Il a surtout affirmé « l’engagement indéfectible des États-Unis pour la défense des Philippines, y compris en mer de Chine méridionale », et a promis de « soutenir la modernisation » de l’armée philippine.

Les États-Unis prévoient en particulier de transférer des avions militaires aux Philippines et de les aider à renforcer leur flotte de guerre.

Ferdinand Marcos a souligné que son pays se trouvait dans la région « la plus compliquée aujourd’hui sur le plan géopolitique ».

« Il est donc tout naturel que les Philippines se tournent vers le seul pays auquel elles sont liées par un traité », dans un contexte de « tensions » en mer de Chine méridionale, a-t-il ajouté, en référence à l’accord de défense mutuelle qui lie les deux pays depuis 1951.

Son nom n’a pas été cité ouvertement dans le bureau Ovale, mais c’est bien la Chine qui occupe l’esprit des deux dirigeants.

« L’ami de tous »

Le 23 avril, des bateaux chinois et philippins ont failli entrer en collision à environ 200 km de l’île philippine de Palawan.

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Un membre du navire des garde-côtes philippins BRP Malabrigo à son poste alors qu’un navire des garde-côtes chinois se trouve à proximité, dans les îles Spratly, en mer de Chine méridionale contestée, le 23 avril.

Cet incident, dont a été témoin une équipe de l’AFP, est le dernier en date d’une longue série entre les deux pays, qui se disputent la souveraineté d’îles en mer de Chine méridionale.  

Le président philippin s’était présenté après son élection comme le partisan d’une relation équilibrée avec Washington et avec Pékin, où il s’est rendu en janvier, avec pour promesse que son pays serait « l’ami de tous, l’ennemi de personne ».

« Nous ne permettrons pas que les Philippines soient utilisées comme base d’une quelconque action militaire », a-t-il par ailleurs déclaré dimanche à bord de l’avion qui l’emmenait aux États-Unis.

Washington espère toutefois que la poussée de tension en mer de Chine méridionale va inciter Manille à s’ancrer plus fermement de son côté.

Bases

La relation entre les Philippines et Washington a été bousculée pendant le mandat du précédent président Rodrigo Duterte, partisan d’un rapprochement avec la Chine.

Mais elle a pris une nouvelle tournure récemment.

Les États-Unis et les Philippines viennent d’achever leurs plus grandes manœuvres militaires communes en mer de Chine méridionale.

Manille va par ailleurs autoriser l’armée américaine à utiliser quatre bases militaires philippines supplémentaires, dont des installations navales situées non loin de Taïwan.

De quoi irriter la Chine, qui considère que cette île fait partie de son territoire.

Les États-Unis assurent que l’usage qu’ils en feront se fera « en complète coordination et coopération, à chaque instant, avec les autorités philippines », a dit lundi John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche.

Joe Biden multiplie depuis plusieurs mois les initiatives diplomatiques en Asie et dans le Pacifique pour faire face aux ambitions de la Chine et en gardant un œil sur la Corée du Nord.

Il a reçu récemment le premier ministre japonais et le président sud-coréen. Le président américain doit par ailleurs se rendre en mai au Japon et en Australie pour une série de réunions avec divers alliés des États-Unis.