(Bangkok) Vingt personnes ayant voyagé à bord du vol de Singapore Airlines qui a connu des turbulences avant un atterrissage d’urgence à Bangkok mardi, se trouvent en soins intensifs dans des hôpitaux de la capitale thaïlandaise, ont annoncé mercredi les établissements.

Les patients originaires d’Australie, de Grande-Bretagne, de Hong Kong, de Malaisie, de Nouvelle-Zélande, de Singapour et des Philippines se trouvaient dans les unités de soins intensifs des hôpitaux Samitivej Srinakarin et Samitivej Sukhumvit, a indiqué un porte-parole du groupe hospitalier.

Le vol SQ321 de Singapore Airlines a subi des « turbulences extrêmes et soudaines » à 11 000 mètres au-dessus de la Birmanie dix heures après son décollage mardi, s’élevant soudainement et plongeant à plusieurs reprises.

Selon un passager, des personnes à bord ont été projetées dans la cabine avec une telle violence que leur crâne a heurté le plafond, causant d’importantes blessures à la tête à des dizaines de personnes.

Des photos prises dans l’avion, un appareil du constructeur américain Boeing, montrent une cabine jonchée de nourriture, de bouteilles de boissons et de bagages, ainsi que des masques à oxygène pendant du plafond.

Le PDG de Singapore Airlines Goh Choon Phong a présenté ses condoléances à la famille du défunt et s’est dit « vraiment désolé pour l’expérience traumatisante » vécue par les personnes à bord, dans un message vidéo.

Un employé de Thai Airways a déclaré avoir vu « plus de 10 » ambulances se précipiter sur les lieux. Le personnel de l’aéroport a séparé les passagers en quatre groupes en fonction de leur état de santé, a raconté l’employé de la compagnie aérienne, qui n’a donné que son prénom, Poonyaphat.

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Un employé de Thai Airways a déclaré avoir vu « plus de 10 » ambulances se précipiter sur les lieux.

Mercredi, 131  passagers et 12 membres d’équipage, soit une majorité des personnes présentes dans l’avion, ont finalement pu se poser à Singapour via un autre vol.

« Turbulences incroyablement fortes »

Ils ont été accueillis par des proches soulagés, mais aucun n’a souhaité parler aux journalistes.

Andrew Davies, un passager britannique à bord, a déclaré à BBC Radio 5 que l’avion avait « soudainement chuté » et qu’il y avait eu « très peu d’avertissements ».

« Pendant les quelques secondes qui ont suivi la chute de l’avion, on a entendu un cri terrible et ce qui ressemblait à un bruit sourd », a-t-il raconté, ajoutant qu’il avait aidé une femme qui « criait à l’agonie » et qui avait une « entaille à la tête ».

Il a cru que l’avion allait s’écraser, a-t-il raconté dans un balado de la BBC.

Il a décrit avoir vu des personnes avec des lacérations à la tête et des saignements aux oreilles : « J’étais couvert de café. Les turbulences étaient incroyablement fortes ».

Le premier ministre de Singapour, Lawrence Wong, a adressé ses « plus sincères condoléances » à la famille et aux proches du passager décédé, Geoff Kitchen, directeur d’un théâtre près de Bristol.

La cité-État a envoyé une équipe d’enquêteurs à Bangkok et M. Wong a assuré sur Facebook que son pays « travaillait en étroite collaboration avec les autorités thaïlandaises » et mènerait « une enquête approfondie ».

Parmi les passagers, 56 étaient australiens, 47 britanniques et 41 singapouriens, a indiqué la compagnie aérienne.

Le ministère des Affaires étrangères de la Malaisie a déclaré que neuf de ses ressortissants étaient hospitalisés, dont un dans un état critique, mais stable.

Un photographe de l’AFP a vu du personnel de Singapore Airlines portant des gilets jaunes entrer dans l’avion mercredi, resté cloué au sol à Bangkok.

« Il est trop tôt pour savoir exactement ce qui s’est passé. Mais je pense que les passagers manquent en général de précautions », a déclaré Anthony Brickhouse, expert américain en sécurité aérienne.

« Dès que le signal s’éteint, la plupart d’entre eux détachent immédiatement leur ceinture de sécurité. »

Selon Andrew Davies, « l’avion s’est soudainement effondré » alors que le signal de port de la ceinture venait juste de s’allumer.

Allison Barker, dont le fils Josh était à bord de l’avion, a raconté à la BBC qu’il lui avait envoyé un texto lui parlant « d’un vol fou » qui devait effectuer un atterrissage d’urgence.

« Nous ne savions pas s’il avait survécu, c’était tellement angoissant. J’ai passé les deux heures les plus longues de ma vie », a-t-elle raconté.

Les scientifiques expliquent que le changement climatique est susceptible de provoquer davantage de turbulences, invisibles au radar.

Selon une étude réalisée en 2023, la durée annuelle des turbulences a augmenté de 17  % entre 1979 et 2020 et les turbulences sévères, plus rares, de plus de 50 %.