L'Organisation mondiale de la santé (OMS) sonne l'alarme sur l'importance de la violence faite aux femmes dans un rapport rendu public lundi qui trace le portrait d'un problème planétaire «d'ampleur endémique».

30 %

Les chercheurs de l'OMS, de concert avec les experts de la London School of Hygiene and Tropical Medicine et le Conseil sud-africain de la recherche médicale, ont passé en revue les études disponibles dans plus de 80 pays. L'exercice leur a permis de déterminer que 30 % des femmes ont déjà été maltraitées, physiquement ou sexuellement, par un conjoint. La définition de la violence physique utilisée inclut le fait d'être giflée, poussée, frappée avec un poing, étranglée ou encore menacée avec une arme ou un couteau. Un peu plus de 7% des femmes affirment par ailleurs avoir été la cible d'actes de violence sexuelle perpétrés par une personne inconnue.

23,2 %

Le pourcentage de femmes qui disent avoir été agressées physiquement ou sexuellement par un conjoint varie largement d'une région à l'autre. Le taux passe de 24,6 % dans le Pacifique Ouest à 36,6 % en Afrique. Il est plus faible dans les pays où le revenu est élevé, à 23,2 %. Le pourcentage de femmes disant avoir été brutalisées par une personne inconnue varie de manière similaire de 4,9 à 11,9 % dans les régions à faible et moyen revenu. Les chercheurs notent que certains pays ne colligent aucune donnée sur les agressions de ce type. Et que les risques de sous-déclaration sont élevés en raison de la stigmatisation pouvant découler de la dénonciation de la violence sexuelle.

42 %

Les femmes qui disent avoir été brutalisées par leur partenaire sont sensiblement plus susceptibles d'éprouver des problèmes de santé. Non moins de 42 % d'entre elles ont souffert de blessures. Près de 40 % des femmes assassinées à l'échelle mondiale ont été victimes d'un conjoint. Les victimes de violence physique ou sexuelle sont deux fois plus susceptibles de sombrer dans la dépression ou d'avoir des problèmes de consommation de drogue ou d'alcool. Elles sont aussi sensiblement plus susceptibles de subir une grossesse non désirée ou un avortement en raison de leur difficulté à imposer des pratiques sexuelles sûres.

72

Selon le Dr Claudia Garcia-Moreno, de l'OMS, le secteur de la santé «doit prendre plus sérieusement en considération» la violence faite aux femmes et mieux former le personnel pour détecter les personnes qui en souffrent et les aider. En matière d'agression sexuelle, les lignes directrices mises de l'avant par l'organisation précisent notamment que la victime doit recevoir à l'intérieur de 72 heures une aide psychologique, une contraception préventive ainsi que des tests de dépistage pour les maladies transmises sexuellement. Les chercheurs considèrent que certains centres de soins spécialisés, par exemple pour le dépistage du VIH, constituent des lieux privilégiés pour identifier, de manière générale, les victimes de violence et leur venir en aide.