Trois jours après le tremblement de terre, les Santiaguinais retrouvent peu à peu leur quotidien au milieu des débris. À 500 km de l'épicentre, les dégâts matériels sont mineurs par rapport à la situation dramatique dans les régions de Maule et de Bío Bío. Mais le tremblement de terre a laissé les habitants de Santiago en état de choc.

Hier, on en était encore à déblayer les rues et à tenter d'obtenir des nouvelles de ses proches. Les quartiers de Maipu et de Santiago Centro sont ceux qui ont subi le plus de dégâts, mais il y a aussi quelques maisons écroulées à Macul ou à Nuñoa, sans parler des banlieues plus pauvres comme San Bernardo ou La Pintana.

 

Les bâtiments qui risquent encore de s'effondrer sont maintenant sécurisés, et des agents d'entretien de la ville s'emploient à ramasser les débris pour dégager les routes. Le réseau téléphonique, complètement paralysé pendant deux jours, fonctionne partiellement, et les métros et les bus se remettent en marche petit à petit.

Pas d'électricité

Dans plusieurs municipalités de l'agglomération de Santiago, dont La Reina, San Bernardo et Maipu, il n'y a toujours pas d'électricité. L'eau courante n'a pas été rétablie dans de nombreux secteurs de Nuñoa ou du quartier Brasil.

«À vrai dire, je préfère ne pas avoir l'électricité tant que personne n'arrange tous ces fils électriques qui pendent maintenant sur mon toit», dit Fabrizio, pharmacien à Maipu. Il vit dans la rue où se trouve le bâtiment le plus abîmé de Santiago, complètement tordu par les secousses. Il se dit effrayé de ce qui aurait pu arriver à sa maison, «sûrement pas mieux construite».

Depuis samedi, une grande inquiétude est palpable dans les rues. Les gens ont peur des répliques et se hâtent de faire le plein d'essence ou de remplir leur frigo, ce qui provoque des files d'attente interminables et des pénuries de nombreux produits, malgré les appels au calme de la présidente Michelle Bachelet.

À Maipu, il y a même eu des pillages de supermarchés, restés fermés pendant deux jours. «Je les comprends, d'ailleurs, dit un vendeur de boissons à Maipu. Ils cherchent seulement à s'assurer de quoi manger pour quelques jours.»

Depuis hier, les magasins ouvrent seulement quelques heures par jour et ont tous posté des vigiles devant l'entrée par peur des violences.

Néanmoins, «il faut commencer à envoyer des signaux de normalité aux gens», dit Ricardo, propriétaire d'un restaurant dans le quartier Bellavista. Hier, la majorité des restaurants du quartier ont rouvert, tout comme les centres commerciaux. «La vie doit reprendre son cours.»

 

Tremblor ou Terremoto?

À la grande surprise des Chiliens, la langue française ne fait pas la différence entre «temblor», une secousse mineure, et «terremoto», le tremblement de terre. Les «temblores» sont très fréquents au Chili, alors que les tremblements de terre sont exceptionnels. Le dernier avait eu lieu en 1985.