Ses critiques républicains auraient bien voulu freiner ou bloquer son ascension à la Cour suprême des États-Unis, mais Sonia Sotomayor ne leur aura laissé aucun espoir, démontrant non seulement son sang-froid, mais également son expertise durant tout son passage sur le gril. Aussi, après quatre jours d'un feu roulant de questions, la juge d'origine portoricaine est d'ores et déjà assurée de devenir la première Hispanique à siéger à la plus haute instance américaine.

«Je pense que vous avez un brillant avenir», lui a dit le sénateur républicain de Caroline-du-Sud Lindsey Graham, au quatrième et dernier jour de son audition devant la commission judiciaire du Sénat en vue de sa confirmation.

 

Bien que critique de certaines déclarations de la juge Sotomayor, le sénateur Graham a laissé entendre qu'il pourrait voter en faveur de sa confirmation à la Cour suprême, où Barack Obama l'a choisie pour remplacer le juge David Souter qui s'est retiré. Le sénateur d'Alabama Jeff Sessions, numéro un des républicains au sein de la commission judiciaire, a pour sa part indiqué qu'il n'entendait pas recourir à des manoeuvres parlementaires pour bloquer la confirmation de la magistrate.

Le Sénat, où les démocrates détiennent 60 sièges sur 100, devrait confirmer la nomination de la juge Sotomayor avant la pause estivale du mois d'août.

Même si elle obtient l'appui de Lindsey Graham et de quelques autres républicains, Sonia Sotomayor n'aura pas réussi à gagner à sa cause la majorité des sénateurs de ce parti au sein de la commission judiciaire du Sénat, qui ont mis en cause son impartialité. Durant toutes les auditions, ceux-ci sont revenus sur une phrase qu'elle a prononcée en 2001: «J'espère qu'une femme hispanique avisée et forte d'une expérience riche prendrait, plus souvent qu'à l'inverse, une meilleure décision» qu'un juge blanc.

Lors de la première journée d'audition, la juge Sotomayor a assuré ne pas croire «que l'appartenance à un groupe ethnique ou racial ou à un genre soit un avantage pour un jugement sain».

C'était «une rhétorique théâtrale qui est tombée à plat», a-t-elle ajouté au sujet de sa fameuse phrase, sans toutefois convaincre ses interrogateurs, qui se sont dits troublés par cette déclaration.

Du début à la fin des auditions, la juge Sotomayor a également dû s'expliquer sur sa décision de rejeter en appel une plainte pour discrimination raciale portée par des pompiers blancs de New Haven, au Connecticut. Cette plainte a récemment été jugée recevable par la Cour suprême.

La magistrate s'est défendue en faisant valoir qu'elle avait fondé sa décision sur la jurisprudence en la matière. Elle a été interrogée sur plusieurs autres questions, et notamment sur la lutte antiterroriste, les armes à feu et l'avortement. Même si elle n'a pas convaincu tous les républicains, elle a répondu à leurs questions avec aplombpendant toute la durée de son interrogatoire.

Sonia Sotomayor comptait évidemment sur plusieurs défenseurs parmi les sénateurs démocrates de la commission judiciaire, qui ont vanté le parcours de cette fille du Bronx ainsi que son expérience. La magistrate a été désignée juge fédérale par George Bush père en 1991 puis juge à la Cour d'appel fédérale de New York en 1997 par Bill Clinton.