Le président du Conseil des droits de l'homme de l'ONU a élargi à «toutes les violations», et pas seulement celles commises par Israël, l'enquête confiée à l'ex-procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda Richard Goldstone sur le récent conflit à Gaza.

«L'ambition du Conseil des droits de l'homme est de disposer d'un rapport qui reflète fidèlement les évènements, et cela nécessite de prendre en compte toutes les violations», a déclaré vendredi son président Martin Ihoeghian Uhomoibhi lors d'un point de presse.

De son côté, M. Goldstone a confirmé que sa mission «prendra en compte toutes les violations commises à la fois en Israël, Gaza et les Territoires occupés».

Le 12 janvier, le Conseil des droits de l'homme réuni en session extraordinaire sur le conflit à Gaza avait décidé la création d'une «mission d'établissement des faits» sur les violations «commises par la puissance occupante Israël contre le peuple palestinien».

Adoptée par 33 voix contre 1, la résolution avait suscité l'abstention de 13 membres du Conseil, essentiellement occidentaux, qui la jugeaient déséquilibrée, car ne couvrant pas les tirs de roquettes palestiniennes sur les civils dans le Sud d'Israël.

«Sur la base de ma propre compréhension de la manière dont la résolution devait être mise en oeuvre, j'ai demandé à M. Goldstone de procéder selon ces lignes de conduite», a expliqué le diplomate nigérian.

Selon lui, au-delà de la résolution, c'est «le but ultime» du Conseil qui était en jeu. Et ce but n'aurait pas été atteint s'il n'avait pas mis sur pied une mission d'enquête «indépendante, impartiale et qui soit crédible pour toutes les parties».

M. Goldstone a admis qu'«en tant que Juif», cela avait été un «choc» de recevoir une invitation à diriger cette mission, qui comprendra en outre la Britannique Christine Chinkin, spécialiste de droit international, de la Pakistanaise Hina Jilani, juge à la Cour suprême du Pakistan et ancienne experte de l'ONU pour les droits de l'homme, et d'un colonel irlandais à la retraite, Desmond Travers.

«Cela ajoute évidement à la dimension d'ensemble. Cela étant dit, je pense être capable de m'acquitter de ma tâche imposante d'une manière équilibrée et impartiale», a-t-il commenté.

Il a reconnu que la décision n'avait «pas été facile» à prendre et qu'il lui avait fallu «plusieurs jours et même quelques nuits d'insomnie» avant d'accepter la mission.

Sa «préoccupation pour la paix au Moyen-Orient et pour les victimes de tous les bords, trop souvent laissées pour compte» l'a emporté, a-t-il expliqué.

M. Goldstone a estimé qu'il était «dans l'intérêt des Palestiniens et des Israéliens que les allégations de crimes de guerre et de graves violations des droits de l'homme (commises) de tous les côtés fassent l'objet d'une enquête».

Il a toutefois prévenu que les résultats de sa mission pourraient être utilisés dans le cadre d'enquêtes criminelles sur un plan national ou de juridictions internationales.

Les membres de la mission d'enquête doivent encore se réunir «d'ici quelques semaines» à Genève pour établir un programme de travail.

Leur rapport devrait être présenté au Conseil des droits de l'homme «d'ici trois mois».

Dans une déclaration, l'ambassadeur de Palestine auprès de l'ONU à Genève Ibrahim Kraishi a «accueilli favorablement» la désignation de M. Goldstone et de son équipe, considérée comme «un pas important» pour la mise en oeuvre de la résolution du 12 janvier.

Il n'avait pas été possible vendredi en milieu d'après-midi d'obtenir une réaction de l'ambassade israélienne à Genève.