(Kilchberg, Suisse) Le chocolatier suisse Lindt & Sprüngli a dévoilé jeudi une fontaine de chocolat de 9 mètres de haut dans sa nouvelle maison du chocolat près de Zurich, qui doit lui servir de vitrine pour soigner son image, un de ses plus grands atouts pour affronter le choc économique de la pandémie.

En forme de fouet à pâtisserie au bout duquel jaillit un immense jet de chocolat, cette gigantesque fontaine trône au centre d’un nouveau complexe où le chocolatier suisse espère accueillir quelque 350 000 visiteurs chaque année.

Le champion de tennis Roger Federer, l’ambassadeur de la marque, a activé la fontaine aux côtés du président du groupe, Ernst Tanner, et du ministre des Finances, diffusant de premiers effluves doux-amers dans ce centre qui abrite notamment un musée et un atelier de chocolat.

« C’est une attraction que personne n’oubliera jamais après avoir visité le centre », a déclaré M. Tanner, à l’AFP, en marge de l’inauguration, insistant sur le fait que l’objectif était de créer « quelque chose d’unique » pour présenter la marque sous toutes ses facettes « depuis la fève jusqu’à la tablette de chocolat ».

Basée à Kilchberg, sur les rives du lac de Zurich, cette maison du chocolat dans laquelle quelque 100 millions de francs suisses (144 millions $) ont été investis doit servir de pôle d’attraction pour les touristes venus visiter la Suisse, qui pourront y confectionner leurs propres tablettes.

Un produit de réconfort

Avec une part de marché qui se monte pour 2020 à 5,3 % selon les estimations du cabinet de recherches Euromonitor international, le groupe se classe au sixième rang des grands fabricants de chocolat, loin toutefois derrière ses concurrents américains Mars inc. et Mondelez et l’italien Ferrero ou encore son compatriote Nestlé.

Pour rivaliser avec les géants du secteur, Lindt & Sprüngli s’est concentrée sur le segment dit « premium », qui correspond à la fraction haut de gamme du chocolat de grande consommation.

Ce segment à fortes marges a permis au chocolatier suisse, qui a dégagé un chiffre d’affaires de 4,5 milliards de francs suisses l’an passé, de générer des taux de croissance élevés pour le secteur, son objectif de moyen à long terme étant de faire progresser ses ventes de 5 à 7 % hors effets de change.

Pourtant, avec la récession, même les fabricants de produits haut de gamme vont devoir se montrer vigilants sur leurs prix, selon une étude d’Euromonitor, alors que les consommateurs vont être à l’affût de produits plus abordables.

« Le secteur de l’alimentation est en train de changer et les conséquences à long terme de la pandémie sont encore incertaines », a expliqué Guiseppe Parlato, analyste chez Euromonitor, lors d’un entretien avec l’AFP.

Le chocolat reste néanmoins un des grands produits de « réconfort » sur lequel Lindt est bien positionné grâce à son image haut de gamme à des prix « accessibles », a-t-il estimé. Avec la crise économique, les confiseurs ont notamment une carte à jouer sur les boîtes de chocolat, la demande pour les cadeaux à prix abordables étant susceptible de croître avec la pression économique sur les consommateurs.

Alors que le groupe suisse avait jusqu’à présent traversé les crises sans difficulté, lui valant de figurer parmi les valeurs favorites des investisseurs à la Bourse suisse, ses ventes au premier semestre ont subi le contrecoup des mesures de lutte contre la pandémie.

Sur la première moitié de 2020, son chiffre d’affaires a chuté de 12,7 % en rythme annuel, à 1,5 milliard de francs, sous l’effet de la fermeture de ses magasins pendant les fêtes de Pâques, des boutiques hors taxes dans les aéroports ainsi que de la baisse de la demande pour ses services dans la restauration.

« Lindt a traversé toutes les guerres en Europe, toutes les crises économiques et financières et traversera également cette pandémie », a néanmoins assuré M. Tanner, reconnaissant que la tâche va être « difficile », mais pas « insurmontable ».