Depuis hier, 1er août, la Terre vit à crédit, et ce, jusqu'à la fin de l'année. Surnommé le « jour du dépassement », celui-ci survient de plus en plus tôt chaque année. Malgré certaines critiques, cet « indicateur » a néanmoins l'avantage de comparer les performances de chaque pays au chapitre de leur empreinte écologique. Et le Canada fait piètre figure.

1er AOÛT 2018 

Selon le Global Footprint Network, le jour du dépassement est survenu cette année le 1er août 2018. À compter de ce jour, la consommation de ressources naturelles de l'humanité et ses émissions de gaz à effet de serre depuis le 1er janvier surpassent ce que la Terre a la capacité de produire ou d'absorber en un an. L'humain aurait donc besoin de 1,7 Terre pour subvenir à ses besoins actuels. L'an passé, le jour du dépassement est arrivé le 2 août. « Même si ce n'est pas une mesure de science exacte, le fait que la méthodologie soit connue, qu'elle utilise des données pertinentes, la rend crédible », affirme Alain Branchaud, biologiste et directeur général de la Société pour la nature et les parcs, section Québec (SNAP). Il ne faut pas la prendre pour une mesure précise, mais elle donne la mesure de nos excès et les comparaisons annuelles marquent la tendance. »



DE 2 À 152 JOURS 

Selon les calculs du Global Footprint Network, le nombre de jours à crédit est passé de 2 à 152 de 1970 à 2018. Détail intéressant, la courbe suit clairement les grands cycles économiques mondiaux. L'indice a reculé à peu près au moment où survenaient les principales crises économiques des 40 dernières années et repartait à la hausse avec les reprises économiques.



LE CANADA PARMI LES CANCRES

C'est le Qatar qui remporte le titre de cancre de la classe. Le jour du dépassement a été atteint dès le 9 février 2018 dans son cas. Le Canada fait à peine mieux, au cinquième rang des pires pays, derrière les États-Unis, les Émirats arabes unis et le Luxembourg. Au pays, le jour du dépassement a été atteint le 18 mars 2018. À l'inverse, le Viêtnam figure au premier rang, avec une dette d'une dizaine de jours seulement (21 décembre).



UN INDICATEUR CRITIQUÉ 

Certains experts critiquent l'indicateur du Global Footprint Network. En gros, celui-ci compare l'empreinte écologique d'une population (d'un pays ou de la Terre entière) à la biocapacité d'un territoire ou la surface requise pour produire des ressources. En 2018, la biocapacité de la Terre était estimée à 12,2 milliards d'hectares, alors que l'humanité a utilisé l'équivalent de 20 milliards d'hectares. Or, ce calcul est critiqué pour son manque de précision. Mais selon deux chercheurs français spécialisés en environnement, Aurélien Boutaud et Natacha Gondran, l'indicateur sous-estime plutôt le phénomène. « Un calcul plus rigoureux ou plus exhaustif mènerait à un accroissement du déficit constaté », ont-ils résumé dans un texte publié en juin dernier.



ET LES GES AUGMENTENT... 

Par ailleurs, un rapport publié hier par l'Agence nationale océanique et atmosphérique des États-Unis (NOAA) a révélé que les gaz à effet de serre (GES) avaient atteint des niveaux record en 2017. Le taux de concentration annuel du dioxyde de carbone à la surface de la Terre a atteint 405 parties par million (ppm), un record depuis que cette donnée est compilée. Le rapport de 300 pages a été préparé par plus de 450 scientifiques originaires d'une soixantaine de pays. Les chercheurs signalent que l'année 2017 a été marquée par des températures anormalement élevées et une fonte des glaces sans précédent dans l'Arctique.

- Avec Le Monde et l'Agence France-Presse