Les eaux d'égouts de Beauharnois - municipalité de la rive sud, à l'ouest de Montréal - se déversent directement dans le fleuve Saint-Laurent et ses affluents même par temps sec, dénonce la Fondation Rivières.

Le maire de Beauharnois le reconnaît, mais accuse Québec de tarder à approuver un projet de 12 millions pour la réfection du réseau d'égouts.

Selon les données colligées par la Fondation Rivières à partir des déclarations obligatoires des municipalités, les égouts de la ville de 12 000 habitants ont débordé par temps sec 114 fois de 2012 à 2015.

C'est sans compter les 1213 débordements par temps pluvieux, les 553 déversements par temps de fonte des neiges et les 213 déversements d'urgence.

Mais ce sont les déversements par temps sec qui sont le symptôme d'un système d'égouts défaillant.

Illégaux, mais non sanctionnés

Ces débordements sont d'ailleurs illégaux. Ils contreviennent au Règlement sur les ouvrages municipaux d'assainissement des eaux (ROMAE).

Une municipalité dont le réseau d'égouts déborde par temps sec s'expose à une « sanction administrative pécuniaire » de 10 000 $ par débordement.

Mais rien de tel n'est prévu actuellement pour Beauharnois, en dépit de ses 114 débordements par temps sec en quatre ans.

« Les débordements par temps sec sont en principe illégaux. Il pourrait y avoir des procédures, mais on n'est pas encore là. On est en accompagnement. », dit Daniel Messier, porte-parole du ministère de l'Environnement pour la région de la Montérégie

Le maire de Beauharnois, Claude Hainault, affirme que son administration tente de corriger le problème.

« On a voté la semaine passée un budget d'un demi-million pour remplacer toutes nos stations de pompage, dit-il en entrevue téléphonique avec La Presse. Il y aura moins de risques qu'il y ait des pannes de pompage. C'est un système qui date de 1985. »

En outre, il dit attendre le feu vert de Québec pour financer le remplacement complet des systèmes de traitement des eaux usées à Beauharnois. Car il y en a deux : l'un dans l'ex-ville de Melocheville, fusionnée en 2002, l'autre dans Beauharnois.

Mais il n'y a actuellement aucun budget disponible à cette fin, dit-il. « Je ne vais pas annoncer un projet de 12 millions si je n'ai pas de financement, pour me faire dire après que mon projet n'est pas admissible parce qu'il est déjà annoncé », dit-il.

Projets bloqués

Le ministère de l'Environnement précise que les prolongements de réseaux d'égouts et de distribution d'eau sont suspendus depuis janvier 2014 pour le secteur Melocheville et pour certains secteurs de Beauharnois, en raison des problèmes de débordement.

Cela bloque des projets immobiliers dans la ville, qui est en pleine effervescence avec le prolongement récent de l'autoroute 30.

Plus de 2500 nouvelles habitations sont prévues à Beauharnois, qui compte augmenter sa population à 20 000 personnes en 2020.

Il ne faut pas chercher ailleurs les causes de la pollution à Beauharnois, selon la Fondation Rivières.

« Le développement urbain explique très probablement la problématique des surverses par temps sec, affirme Clément Mortier, chargé de projet à la Fondation. Normalement, des études doivent être menées afin de s'assurer que le réseau en aval a la capacité d'accueillir une quantité d'eau supplémentaire. Dans ce cas, nous sommes en droit de nous demander si ces études ont été menées correctement. »