Plusieurs se demandent pourquoi une quinzaine de jeunes bélugas ont été trouvés morts sur les rives du Saint-Laurent tandis qu'un autre aurait été observé dans le port de Montréal - une première.

Mais avec la fermeture des laboratoires fédéraux d'écotoxicologie, décrétée par le gouvernement Harper dans le dernier budget, il sera plus difficile de déterminer quel mal mystérieux frappe les bélugas cette année.

C'est ce qu'affirme Daniel Martineau, professeur à la faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal.

«Ils ont mis les toxicologistes dehors! a-t-il dit à La Presse. On ne connaît pas bien les causes de ce qui arrive aux bélugas. Il y a celles qui ont toujours été soupçonnées, comme des parasites dans l'oreille interne ou une algue toxique, mais on trouve chez les animaux morts des cancers, d'autres parasites et des blessures causées par des embarcations.

«De plus, plusieurs toxines qu'on trouve dans les bélugas, comme le PBDE, le PFOA ou le mercure, par exemple, retardent le développement du cerveau chez les souris en laboratoire. Mais sur les bélugas, on n'en sait rien.»

Le printemps dernier, le gouvernement Harper a annoncé la fermeture de tous les laboratoires d'écotoxicologie, dont celui de l'Institut Maurice-Lamontagne, à Mont-Joli.

Ces laboratoires avaient produit au fil des ans plusieurs recherches sur l'impact des produits chimiques sur la faune marine. Ces travaux devaient se poursuivre avec une intensité d'autant plus grande que de grands projets de forage pétrolier et gazier sont annoncés dans le golfe du Saint-Laurent.

Plusieurs ont estimé que ces coupes fédérales avaient pour but d'ouvrir la voie à ces projets.

«Pêches et Océans Canada repositionne l'utilisation de ses ressources consacrées à la recherche vers des secteurs prioritaires qui soutiennent directement la gestion des pêches et la conservation, avait affirmé le Ministère pour justifier la disparition de 55 postes dans ces laboratoires. Le Ministère mettra fin aux activités de recherche sur les effets biologiques des contaminants et des pesticides.»

De son côté, Pierre Béland, directeur scientifique de l'Institut national d'écotoxicologie du Saint-Laurent, croit qu'une algue toxique pourrait expliquer les comportements erratiques et la mort des bélugas cette année.

«Peut-être qu'une algue toxique agit sur leur système nerveux, a dit M. Béland, en entrevue avec La Presse. Si c'est le cas, ce serait compatible de penser qu'un animal est désorienté et qu'il se serait rendu jusqu'ici sans le vouloir.»

-Avec Tristan Péloquin