Trois groupes écologistes ayant mis fin il y a deux ans à leurs campagnes d'image contre l'industrie forestière après avoir signé un pacte visant la protection de la forêt boréale s'inquiètent du peu de progrès accompli jusqu'ici.

« On constate qu'on est presque un an et demi en retard pour réaliser des plans de conservation, entre autres pour le caribou forestier », dit Nicolas Mainville, responsable de la campagne Forêt de Greenpeace.

Greenpeace est l'un des nombreux signataires de l'Entente sur la forêt boréale canadienne, signée en mai 2010. Cette entente a mis fin aux campagnes d'image et de boycottage menées par Greenpeace et d'autres groupes afin de réduire la consommation de bois et de papier en provenance de la forêt vierge boréale. Ces campagnes visaient les grandes marques comme Kleenex, les éditeurs de livres, les détaillants de papeterie, etc.

Il y a deux ans, l'industrie et les écologistes ont enterré la hache de guerre afin de permettre une planification de la conservation dans la zone boréale canadienne. À cette occasion, l'industrie a reporté pour trois ans ses opérations sur 28 millions d'hectares de forêt. C'est l'équivalent de la superficie de l'Italie.

Greenpeace et deux autres signataires de l'entente (ForestEthics et Canopy) estiment que les choses n'avancent pas assez vite et ont fait une sortie ce matin.

« On a à peine 20% de l'entente qui s'est concrétisée en deux ans et c'est une entente de trois ans, dit M. Mainville. Il y a beaucoup trop d'emphase qui a été mise sur les mécanismes de l'entente et une certaine bureaucratie. »

Les groupes déplorent en particulier le fait qu'aucune nouvelle aire protégée n'ait été annoncée depuis deux ans. « Sans nouvelles aires protégées, la forêt boréale demeure menacée à ce jour », dit Todd Paglia, directeur général de Forest Ethics.

Isabelle Des Chênes, vice-présidente, relations avec les marchés et communications à l'Association des produits forestiers du Canada, ne nie pas que les résultats se font attendre.

« C'est juste une question de timing, dit-elle. On aimerait que ça avance plus vite, mais c'est une entente très complexe qui concerne une énorme superficie. On attend des annonces dans la prochaine semaine ou deux. »

« On a développé ensemble un cadre scientifique pour la protection du caribou qu'on a présenté aux gouvernements en Alberta, Saskatchewan et au fédéral », dit-elle.

Elle ajoute que le délai de trois ans est flexible. « On espère avoir des annonces d'ici un an, dit-elle. Si nécessaire, les reports de coupe seront prolongés. »