Le quartier Saint-Michel continue de s'opposer à l'implantation d'un centre municipal de compostage des déchets organiques, après le dépôt du rapport de consultation publique qui ouvre la voie au projet à certaines conditions.

«On considère que la venue de cette usine compromet plusieurs projets, dont la création d'un parc dans l'ancienne carrière Miron», affirme Denis Sirois, directeur général de la corporation de développement économique communautaire (CDEC) Centre-Nord.

Hier, la Ville de Montréal s'est réjouie du rapport de l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM), même si le texte affirme qu'il faut s'assurer que le déploiement des centres municipaux de traitement des déchets organiques soit réellement équitable pour les résidants des différents secteurs de l'île.

«Montréal vient de franchir une étape charnière et constructive avec la conclusion de la consultation publique», a dit Alan DeSousa, vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal et responsable du développement durable, de l'environnement et des parcs. M.DeSousa affirme que la Ville accepte ou applique déjà la plupart des 27 recommandations du rapport.

Normes strictes

Le conseil d'agglomération de Montréal veut implanter deux centres de compostage, à Saint-Michel et dans l'Ouest-de-l'Île, ainsi que deux centres de biométhanisation, à LaSalle et à Montréal-Est. Ces installations traiteraient les résidus organiques (surtout des déchets de table), conformément au Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles.

L'OCPM affirme que l'aspect le plus controversé du projet, l'implantation d'un centre de compostage dans le quartier Saint-Michel, peut aller de l'avant à condition que les règlements actuels en matière de bruit, de poussière et d'odeurs soient maintenus et respectés dans leur intégralité.

Mais ce n'est pas possible, selon la Ville. «Le règlement dit aucune poussière, aucune vibration et aucune odeur, dit le directeur des services de l'environnement de la Ville, Rober Lachance. Ça n'existe pas. Par contre, on peut adopter des normes très strictes basées sur les critères du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs.»

«Dans les années 80 et 90, on nous assurait que l'enfouissement respectait les normes, alors que le quartier empestait à cause du dépotoir Miron», réplique Denis Sirois.

L'OCPM souligne l'embarras qu'a causé le «refus tardif» d'Aéroports de Montréal (ADM) de consentir à la construction d'une usine de traitement à Dorval pour tout l'Ouest-de-l'Île. «L'Office de consultation publique de Montréal a convié ADM à venir expliquer son point de vue à l'audience, mais ADM a décliné l'invitation», déplore-t-on.

Subventions fédérales

Pour prétendre respecter l'équité entre les différents secteurs de l'île, les autorités municipales doivent par conséquent trouver rapidement un autre terrain propice à l'implantation d'une usine dans l'Ouest.

C'est ce que M.DeSousa s'est engagé à faire hier. Mais le parti de l'opposition Vision Montréal estime que l'administration Tremblay aurait dû agir plus vite. «On ne comprend pas qu'en avril 2012, M.DeSousa n'a toujours pas de site, dit la conseillère Caroline Bourgeois. Le compteur tourne, les subventions fédérales sont disponibles seulement jusqu'en 2014.»

L'OCPM affirme que, pour la même raison, la Ville doit confirmer plus rapidement le projet de l'usine de biométhanisation de LaSalle, afin de ne pas laisser planer la possibilité que tous les déchets soient traités à Saint-Michel et à Montréal-Est.

L'OCPM déplore aussi que l'étude du projet ait été faite sans un «portrait global et intégré de la problématique d'ensemble de la gestion des matières organiques».