Les tergiversations de TransCanada au sujet de son port pétrolier pourraient forcer l'Office national de l'énergie (ONE) à rouvrir la période d'inscription des participants, qui se termine normalement la semaine prochaine, le 3 mars.

«Si le site du port change, nous allons nous assurer que les gens auront raisonnablement l'occasion de participer aux consultations», a affirmé hier à La Presse Peter Watson, président de l'ONE.

La direction de l'organisme fédéral est en tournée actuellement au Québec en vue des audiences au sujet du projet Énergie Est de TransCanada.

Le projet de 12 milliards, qui inclut un nouveau pipeline et deux ports pétroliers, un au Québec et un autre au Nouveau-Brunswick, sera examiné par l'ONE, qui s'attend à la plus grosse audience de son histoire en termes de participation.

TransCanada s'est donné jusqu'à la fin de mars pour faire connaître ses intentions au sujet de son controversé projet de port pétrolier à Cacouna.

L'entreprise pourrait choisir un autre lieu sur les rives du Saint-Laurent ou encore renoncer complètement à l'idée d'un port québécois, ce qui réduirait presque à néant les retombées économiques du projet au Québec, au-delà de la période de construction.

Le choix de Cacouna était déjà controversé parce que le secteur est fréquenté par les jeunes bélugas et leurs mères. Il est encore plus remis en question depuis qu'un comité fédéral a désigné l'espèce en voie de disparition.

Mais peu importe les changements à venir au projet, la question des changements climatiques ne sera pas abordée au cours des audiences de l'ONE au sujet d'Énergie Est, affirme M. Watson.

«C'est une question de mandat, affirme M. Watson. Notre mandat est de regarder la construction, l'exploitation et l'abandon des pipelines, tel que le prévoit notre loi. Et c'est aussi en accord avec le partage des compétences: ce sont les provinces qui ont l'autorité sur le développement des ressources naturelles.»

30 millions de tonnes de GES

Ce qui n'empêche pas les écologistes de continuer de réclamer l'examen de cet aspect. Une pétition en ce sens a recueilli 100 000 signatures.

Selon l'Institut Pembina, l'extraction des 1,1 million de barils de pétrole qui transiteront chaque jour par Énergie Est causera des émissions d'environ 30 millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES) par année.

C'est l'équivalent de 7 millions d'automobiles. C'est aussi plus que cinq provinces canadiennes.

Plusieurs groupes écologistes demandent un moratoire sur tous les projets de pipeline, jusqu'à ce qu'il y ait un système pancanadien de contrôle des émissions de gaz à effet de serre. «Actuellement, il n'y a aucune limite fédérale à la pollution carbonique au Canada, dit Tim Gray, directeur général d'Environmental Defence, en entrevue avec La Presse. Dans ce contexte, stopper les pipelines est la meilleure façon de freiner la croissance des émissions.»