La Commission européenne a présenté mercredi une série d'actions pour réduire la colossale facture des achats d'énergie de l'UE et la dépendance d'envers la Russie, ainsi qu'assurer un succès de la conférence mondiale sur le climat à Paris à la fin de l'année.

«L'UE dépense chaque jour un milliard d'euros pour ses achats de combustibles fossiles (pétrole et gaz)», a souligné le commissaire à l'Énergie et au Climat Miguel Arias Canete lors de la présentation de cette stratégie à la presse.

Trois communications ont été adoptées et présentées mercredi par l'exécutif bruxellois dirigé par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker: une stratégie pour créer une Union de l'Énergie, une communication sur les interconnexions électriques et un point sur les négociations climatiques. Une première discussion est prévue au niveau des ministres de l'Environnement le 6 mars.

«Au travail. Nous avons fixé le cap pour la création d'un marché de l'énergie intégré, connecté et sécurisé en Europe. Faisons en sorte qu'il voie le jour», a lancé le commissaire.

L'UE a de gros problèmes: elle importe plus de la moitié de ses besoins en énergie; 90% de son parc de logements ne respecte pas les normes d'efficacité énergétique et 94% de ses moyens de transport dépendent des produits du pétrole (essence, fioul), dont 90% sont importés, souligne une note de la Commission européenne.

La facture est énorme. L'Union européenne a importé 53% de sa consommation en énergie (gaz et pétrole) en 2014 pour un coût de 400 milliards d'euros.

Briser la dépendance

L'Union de l'Énergie est une réponse politique et économique à cet état de dépendance. «Elle doit assurer la sécurité des approvisionnements, leur durabilité et la compétitivité des entreprises européennes», insiste la Commission.

L'UE achète 300 milliards de m3 de gaz chaque année pour sa consommation, dont 125 milliards de m3 au seul groupe russe Gazprom. La moitié de ces achats transite par les gazoducs de l'Ukraine, ce qui assure une source de revenus à ce pays, mais fragilise l'approvisionnement européen.

Les achats de gaz à la Russie représentent 39% des importations de gaz de l'UE et couvrent 27% de sa consommation.

«La sécurité des approvisionnements impose de diversifier les sources, les fournisseurs et les routes», a soutenu M. Canete, rappelant que six pays de l'UE n'ont qu'un seul fournisseur, la Russie.

Mais «la Russie restera un grand partenaire et fournisseur de l'UE», a-t-il relevé.

Les consommateurs européens ont en outre peu de choix pour leurs fournisseurs nationaux et peu de contrôle sur les coûts de l'énergie qui ont augmenté de 4,4% en moyenne entre 2012 et 2013. Un nombre croissant des foyers ne parvient plus à se chauffer correctement, souligne la Commission.

Enfin les coûts d'électricité pour les entreprises sont supérieurs de 40% à ceux des États-Unis et ceux du gaz sont entre 3 et 4 fois plus élevés.

Un objectif de 10% d'interconnexions électriques en 2020 dans l'UE doit permettre de réduire ces coûts. La France et l'Espagne ont inauguré le 20 février une ligne leur permettant de doubler la capacité d'échanges d'électricité et de développer les énergies renouvelables, notamment le solaire.

«L'Europe perd 40 milliards d'euros chaque année faute de marché de l'électricité totalement interconnecté», a déploré M. Canete. Douze pays --Italie, Irlande, Roumanie, Portugal, Estonie, Lituanie, Lettonie, Royaume-Uni, Espagne, Pologne, Chypre et Malte-- ne sont pas connectés au marché européen de l'électricité.

D'importants investissements estimés par la Commission européenne à 40 milliards d'euros d'ici à 2020 seront nécessaires pour réussir ce seul objectif de 10% d'interconnexions pour l'électricité. Au total, plus de 1100 milliards d'euros doivent être mobilisés pour les infrastructures énergétiques dans l'UE.

Le plan d'investissements conçu par la Commission européenne doit permettre de trouver une grande partie des financements.

Mais la composition du bouquet énergétique reste une compétence des États membres. La Commission européenne se garde bien de critiquer l'utilisation du charbon ou du nucléaire. Elle rappelle toutefois les engagements pris par l'UE pour 2020 et 2030 afin de combattre le réchauffement du climat: réduction de 20% de la production des gaz à effet de serre en 2020 et de 40% en 2030 par rapport aux émissions de 1990, objectif de 20% d'énergies renouvelables pour la production d'électricité en 2020, porté à au moins 27% en 2030 et de 20% à au moins 27% pour les mêmes échéances pour les économies d'énergies.