La France vient apparemment de sonner la fin de la partie pour le gaz de schiste sur son territoire, mais cela n'influence pas le premier ministre Charest, qui veut continuer de «creuser» la question avant de «prendre notre décision à nous».

«Chez nous, il y a une évaluation environnementale stratégique qui été annoncée, a rappelé M. Charest. À notre façon à nous, nous allons creuser cette question-là, à partir de trois critères: assurer la sécurité des gens, leur santé, assurer la sécurité de l'environnement et la sécurité dans l'exploitation. Après, on prendra notre décision à nous. On a choisi une approche empreinte de gros bon sens. L'évaluation sera faite et après on prendra nos décisions.»

Le hasard fait que Lucien Bouchard, qui dirige l'Association pétrolière et gazière du Québec, se trouve lui aussi à Paris, en marge de la visite de Jean Charest. Mardi, il a refusé d'aborder le sujet avec les journalistes.

«Je ne suis pas venu pour autre chose que la STM. Je ne veux pas entrer là-dedans», a dit M. Bouchard, qui assistait au dévoilement dans le métro parisien de «La Voie lactée», une oeuvre de la Québécoise Geneviève Cadieux. Cette sculpture a été offerte par la Société des transports de Montréal à la RATP, son équivalent parisien, pour souligner les 50 ans de la Délégation générale du Québec à Paris.

Lucien Bouchard était moins réservé la semaine dernière. Vendredi dernier, il a encouragé le gouvernement québécois à investir dans le développement des gaz naturels en général et dans celui du gaz de schiste, pour participer aux profits. La France prend le chemin opposé. L'été dernier, le gouvernement avait interdit la technique controversée de la fracturation hydraulique (accusée de polluer les nappes phréatiques). Lundi, la ministre de l'Écologie, Nathalie Kosciuslo-Morizet, a enfoncé le clou en annonçant l'abrogation des trois seuls permis de forage de recherche accordés à des grands groupes, dont Total.

Jean Charest s'est borné à constater que le gaz de schiste soulève des débats partout, débats qu'il suit «de très près».

«Je n'ai pas l'intention de me mêler de ce que les Français décident», a-t-il dit.