Les consultations tant attendues du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) au sujet du gaz de schiste débuteront lundi soir, à Saint-Hyacinthe.

Après les rencontres plutôt tumultueuses entre des citoyens et des représentants de l'industrie du gaz de schiste, ces dernières semaines, ce sera au tour du BAPE de prendre à bras-le-corps ce dossier controversé, qui a mobilisé non seulement les groupes écologistes, mais aussi le monde municipal, les producteurs agricoles, des scientifiques et de nombreux citoyens.

Les consultations du BAPE commenceront lundi à 19h à Saint-Hyacinthe, puis mardi et mercredi à compter de 13h30, puis 19h.

Si le registre des inscriptions le justifie, une autre séance y sera tenue le jeudi 7 octobre, a précisé en entrevue Danielle Hawey, conseillère en communications au BAPE.

Pour s'assurer de la plus grande participation possible, la séance aura lieu en même temps à Saint-Hyacinthe, Bécancour et Saint-Édouard-de-Lotbinière, par visioconférence. Il s'agit bien d'une séance en simultanée, non pas d'une diffusion sur écran géant dans ces deux dernières villes de la séance se tenant à Saint-Hyacinthe.

«C'est vraiment interactif, les gens vont pouvoir poser des questions en direct, en temps réel, à la commission», indique Mme Hawey.

Les séances seront également diffusées sur le Web en direct sur le site du BAPE.

Le mandat donné au BAPE par le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, prévoit de telles consultations en Montérégie, dans le Centre-du-Québec et dans Chaudière-Appalaches.

Plus précisément, la commission doit «proposer un cadre de développement de l'exploration et de l'exploitation des gaz de schiste de manière à favoriser une cohabitation harmonieuse de ces activités avec les populations concernées, l'environnement et les autres secteurs d'activité».

La commission doit aussi proposer des orientations pour l'encadrement légal et réglementaire de l'exploration et de l'exploitation des gaz.

Finalement, elle devra s'adjoindre des experts scientifiques pour évaluer les enjeux reliés à l'exploitation et à l'exploration de ces gaz.

Jusqu'ici, les rencontres entre des citoyens et l'industrie du gaz de schiste ont été plutôt houleuses et, dans un cas, la Sûreté du Québec a même dû intervenir pour assurer le calme. Le président de l'Association pétrolière et gazière du Québec, André Caillé, a eu maille à partir avec certains participants qui dénoncent tant les projets que les techniques utilisées et la précipitation de l'industrie.

Le monde municipal aussi s'est mobilisé. Vendredi dernier, l'Union des municipalités du Québec (UMQ) invitait ses membres à «utiliser les pouvoirs qu'elles ont actuellement à leur disposition pour contrôler l'activité de l'industrie sur leur territoire», notamment en refusant le rejet des eaux utilisées par l'industrie.

Les groupes écologistes sont montés au front dès le départ, dénonçant le manque de transparence du gouvernement et de l'industrie, en plus de déplorer le mandat restreint donné au BAPE et le temps trop bref qui lui est alloué pour évaluer sérieusement ce dossier. Depuis le début, ils ont réclamé un moratoire, mais en vain.

Le rapport de la commission du BAPE est attendu le 4 février prochain.

Selon le document technique fourni par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune, le 13 septembre, 109 permis de recherche de pétrole et de gaz naturel étaient détenus par 13 sociétés d'exploration sur le territoire propice au gaz de schiste. Ils couvrent une superficie de 18 000 kilomètres carrés.

Depuis 2007, 28 forages ont été effectués dans les schistes gazéifères du Québec, dont sept en 2010.