L'énergie solaire est au coeur du plan de développement des énergies renouvelables présenté lundi par le gouvernement, qui prévoit la construction d'au moins une centrale photovoltaïque par région d'ici 2011.

«Le gros, c'est le solaire. En termes industriels, et d'effondrement des coûts industriels, c'est probablement là qu'on a la capacité la plus importante», a expliqué le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, en présentant une série de 50 mesures pour «réussir la transition énergétique».

L'objectif affiché du gouvernement est que les énergies renouvelables représentent 23% de la consommation finale d'ici 2020, soit plus qu'un doublement par rapport à 2005 (10,3%, grâce essentiellement aux barrages hydro-électriques).

«La bataille mondiale des filières professionnelles pour les énergies renouvelables est évidemment lancée», a expliqué M. Borloo, soulignant que la France avait «pris du retard» et qu'elle devait viser un développement «soutenu» de l'ensemble des filières (hydraulique, éolien, solaire, biomasse, géothermie...).

«Ce plan, c'est "green business" dans toute sa réalité technique et financière», a-t-il ajouté, reconnaissant que le principal défi serait celui de «la simplification administrative, réglementaire».

Selon l'Agence pour le développement et la maîtrise de l'énergie (Ademe), les énergies renouvelables pourraient représenter en 2012 un marché annuel de 24 milliards d'euros et 120.000 emplois.

Les appels d'offre pour les centrales solaire photovoltaïque seront lancés «dans les semaines qui viennent», a précisé M. Borloo. Ces centrales, d'une puissance cumulée d'environ 300 MW, seront réparties en fonction du potentiel solaire de chaque région.

Afin de favoriser le développement du photovoltaïque sur les supermarchés et les bâtiments industriels et agricoles de grande tailles (usines, hangars etc...), un tarif spécifique de 45 cEUR/kWh est créé.

Ces mesures devraient permettre de multiplier par 400 la production d'électricité d'origine photovoltaïque pour atteindre 5.400 MW en 2020.

Si la marge de progression envisagée est très forte, la base de départ est très faible: à fin juin 2008, la puissance installée du parc photovoltaïque français raccordé au réseau était de 18 MW en métropole, 13 MW fin 2007 et 6 MW fin 2006.

La France se place au quatrième rang européen, derrière l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie.

L'énergie solaire pourrait s'avérer compétitive avec le prix du marché de l'électricité «à l'horizon 2020», considère le ministère.

Un «Fonds chaleur renouvelable», sera mis en place en 2009 afin de soutenir la production de chaleur à partir de sources renouvelables: biomasse, solaire, pompes à chaleur, géothermie et biogaz. Conformèment au projet de loi de finances, il sera doté d'environ 1 milliard d'euros pour les trois prochaines années.

En ce qui concerne l'énergie éolienne, l'objectif reste de multiplier par dix le parc à 25.000 MW de puissance installée en 2020 contre 2.500 MW en 2007, mais une nouvelle réglementation, dont les contours restent à définir, est annoncée.

Pour France nature environnement (FNE, 3.000 associations), l'annonce de ce plan «montre que le gouvernement continue à mettre en oeuvre les objectifs du Grenelle et prend le virage de l'énergie verte».

Cependant, estime Arnaud Gossement, son porte-parole, «il ne suffit pas de dire que les énergies renouvelables sont une bonne chose, il faut garantir leur acceptabilité sociale».

«Si on décide depuis Paris, sans concertation, qu'il faut des champs d'éoliennes et des fermes solaires, il y aura des crispations», a-t-il mis en garde.