La lutte contre le changement climatique sera source de croissance et créatrice de richesses, plaide un rapport d'experts internationaux publié mercredi, qui veut, en évaluant les gains potentiels, convaincre les États et les entreprises de s'engager plus activement.

La transformation de notre modèle économique vers une économie peu émettrice de CO2 « recèle de nombreuses occasions », avance ce rapport de la Commission mondiale sur l'économie et le climat, créée en 2013 et soutenue par d'anciens dirigeants politiques, des chefs d'entreprises ou encore des économistes.

Grâce à l'émergence de villes moins polluées, au développement d'une énergie propre, d'infrastructures et d'une agriculture plus compatibles avec l'environnement, « nous obtiendrons une productivité plus élevée, des économies et une plus grande inclusion sociale », ajoutent les auteurs du rapport.

Selon eux, les bénéfices d'un changement de modèle pourraient représenter 26 000 milliards de dollars de gains économiques d'ici 2030, et générer 65 millions d'emplois de plus par rapport à la tendance actuelle.

Les États pourraient également engranger 2800 milliards de recettes par an en 2030 (soit le PIB actuel de l'Inde) en supprimant les subventions aux énergies fossiles d'ici 2025 et en instaurant un prix du carbone efficace, entre 40 et 80 dollars la tonne en 2020, alors qu'il est beaucoup plus faible actuellement dans les différents mécanismes mis en place ou envisagés par 70 États ou juridictions.

Mais, « le rythme de ces transformations n'est pas assez soutenu » par rapport à l'enjeu, estiment les auteurs de l'étude, dans la lignée du discours de nombreux scientifiques.

« Nous sommes à un moment charnière décisif. Les responsables politiques devraient lever le pied du frein et donner un signal clair », affirme l'ancienne ministre des Finances du Nigeria Ngozi Okonjo-Iweala, coprésidente de la Commission mondiale sur l'économie et le climat, aux côtés du PDG d'Unilever, Paul Polman, et de l'ancien vice-président de la Banque mondiale Nicholas Stern.

Le rapport défend notamment une accélération des investissements dans les infrastructures durables (réseau d'énergie, de transports, d'eau, bâtiments). À ce titre, les banques multilatérales et de développement doivent doubler leurs investissements, à 100 milliards par an d'ici 2020.

Enfin, les entreprises privées doivent aligner leurs stratégies avec l'impératif climatique et être encore plus encouragées à innover en faveur du climat, à l'image du soutien public, qui a permis l'essor des énergies renouvelables ces dernières années.