Les efforts du Canada pour inclure des mesures contre les changements climatiques dans la nouvelle version de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) se transforment en dispute nationale animée au moment même où le sujet est soulevé à la table de négociations officielle.

L'horaire des discussions, obtenu par La Presse canadienne, indique que l'environnement était au programme pour un débat de sept heures, lundi à Mexico, et qu'une autre période de sept heures est prévue mardi.

Il pourrait s'agir de l'un des chapitres les plus litigieux du nouvel accord, alors qu'il existe des divergences d'opinions significatives entre le gouvernement libéral du premier ministre Justin Trudeau et le président des États-Unis Donald Trump.

Ces divergences de points de vue existent aussi au Canada, et la querelle s'est transportée sur les médias sociaux au cours de la longue fin de semaine de la fête du Travail.

La ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, a publié une réponse furieuse, dimanche, à l'attention du porte-parole conservateur en matière d'affaires étrangères, Erin O'Toole. Celui-ci avait laissé entendre que l'environnement n'était plus ou moins qu'une simple «babiole» qu'on devrait mettre de côté afin de protéger l'économie canadienne.

Erin O'Toole avait fait ces commentaires dans une entrevue avec La Presse canadienne. Il avait qualifié les positions du gouvernement sur la protection de l'environnement, les droits des Autochtones et l'égalité des genres de «signalements vertueux» s'inscrivant dans la machine à images autour du premier ministre Trudeau.

Dans un message publié sur Twitter, la ministre McKenna a déclaré qu'elle en avait plus qu'assez du «langage ridicule» du Parti conservateur comme les «signalements vertueux». Elle a ajouté qu'elle allait continuer de se tenir debout pour les valeurs canadiennes au pays comme à l'étranger.

«Les changements climatiques sont réels»

Elle a ensuite publié une longue réplique sur sa page Facebook, rappelant que ce sont les conservateurs, sous Brian Mulroney, qui ont été les premiers à inclure l'environnement dans un accord commercial. Il s'agit d'un accord parallèle lié au premier pacte de l'ALENA.

«Nous assistons actuellement au plus grand incendie de forêt de l'histoire de la Colombie-Britannique, à des températures record dans l'océan Atlantique et à la deuxième inondation du siècle en 12 mois à Windsor. Et les conservateurs s'obstinent encore à dire que l'environnement et l'économie peuvent être séparés! Les changements climatiques sont réels et la protection de l'environnement est essentielle. Il est temps que les conservateurs comprennent le message», a écrit la ministre sur sa page Facebook officielle.

Une porte-parole du premier ministre Justin Trudeau a confirmé que la publication de Catherine McKenna sur Facebook était la réponse officielle du gouvernement aux propos d'Erin O'Toole.

À la table des négociations, le Canada et les États-Unis veulent tous deux intégrer l'entente sur l'environnement au texte principal de l'ALENA. Ils veulent aussi inclure des clauses pour empêcher les pays signataires d'assouplir leurs restrictions environnementales afin d'attirer les investisseurs.

Là où ils ne s'entendent pas, c'est au sujet des changements climatiques. Les États-Unis sont déjà en train de se retirer de l'un des plus importants traités à ce sujet: l'accord de Paris.

Le président Donald Trump a déjà parlé des changements climatiques comme d'un «canular» et a entrepris de défaire les politiques environnementales de l'administration Obama, comme les restrictions sur la production d'énergies fossiles qu'il considère comme un frein à l'économie américaine.

Le Canada voudrait que le nouvel ALENA réfère spécifiquement aux changements climatiques et qu'il favorise des mesures pour les combattre.