Au moment où les gouvernements s'apprêtent à négocier un nouvel accord pour combattre le réchauffement climatique, l'autorité environnementale de l'Organisation des Nations unies (ONU) a haussé en toute discrétion son évaluation du niveau de gaz à effet de serre maximal pour éviter des changements climatiques dangereux.

Dans ses quatre premiers rapports annuels sur les émissions, de 2010 à 2013, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) indiquait que les émissions de gaz à effet de serre (GES) ne devaient pas dépasser 44 milliards de tonnes en 2020 pour limiter le réchauffement de la planète à deux degrés Celsius.

Mais les émissions de GES s'élevant en réalité bien au-delà de ce niveau, le PNUE a quelque peu réduit l'importance qui était mise sur l'an 2020 comme année limite pour la réduction des émissions.

Dans le Rapport 2015 sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, dont un résumé a été publié vendredi, le PNUE affirme que la planète pourra encore atteindre l'objectif de limiter à deux degrés le réchauffement avec des émissions allant jusqu'à 52 milliards de tonnes d'ici 2020, ce qui est tout juste en-dessous du niveau actuel.

Cette nouvelle analyse estime aussi que les réductions des émissions se réaliseront plus rapidement après 2030 que ce qui était anticipé dans les rapports précédents.

Pression politique sur l'ONU ?

La scientifique en chef du PNUE, Jacqueline McGlade, a expliqué à l'Associated Press que les rapports précédents n'étaient pas dans l'erreur, mais qu'ils étaient basés sur des scénarios qui n'étaient «plus réalistes».

Le mois prochain, les dirigeants des gouvernements du monde se réuniront à Paris pour adopter une entente sur le climat. Selon certains, le récent changement reflète la pression politique mise sur l'ONU pour démontrer que la limite de deux degrés d'augmentation de la température moyenne par rapport à l'ère pré-industrielle est encore réaliste.

«Le Rapport sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions donne l'impression douteuse que malgré une hausse des émissions, il y a toujours moyen d'atteindre la cible de deux degrés Celsius», a exprimé Oliver Geden, de l'institut allemand pour les affaires internationales et la sécurité, à Berlin.