La Banque mondiale (BM) a appelé dimanche la communauté internationale à un sursaut face au changement climatique, après le passage dévastateur d'un cyclone sur le Vanuatu qui coïncide avec une conférence des Nations unies au Japon sur la prévention des catastrophes naturelles.

«N'est-il pas ironique que [ce cyclone] ait frappé le Vanuatu alors que nous sommes tous réunis ici?», a noté Rachel Kyte, vice-présidente de la BM pour le changement climatique, dans un entretien à l'AFP en marge des débats organisés à Sendai (nord-est).

Le président de cet archipel du Pacifique Sud, Baldwin Lonsdale, était d'ailleurs présent quand le drame est survenu, et a lancé samedi à la tribune, devant les représentants de 190 pays, un appel pressant à l'aide.

«Si le sort de ces gens nous importe vraiment, nous devons y répondre» et faire preuve de «responsabilité», a insisté Mme Kyte, réclamant l'instauration à Sendai d'«objectifs» concrets de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Car jusqu'à présent, a-t-elle estimé, «le sentiment d'urgence et les ambitions [de la communauté internationale] ne sont pas à la hauteur» de l'enjeu.

Dans le cas du Vanuatu, «je ne prétends pas que le changement climatique soit à l'origine de Pam» - cyclone de catégorie 5 (la plus élevée) qui a frappé le pays, où des villages entiers ont été rasés -, nuance la dirigeante de la Banque mondiale. «Mais le fait est que ces trois à quatre dernières années, cette catégorie est revenue à une fréquence inédite».

Mieux dépenser l'argent

«Et cela a un lien avec le changement climatique. Il est indéniable que cette partie de l'océan Pacifique s'est réchauffée, donc ces tempêtes s'intensifient», a poursuivi Rachel Kyte.

«Nous avons peut-être aidé les peuples à se protéger contre des intempéries telles que nous les connaissions par le passé, mais résister à un cyclone avec des rafales dépassant 300 km/heure, c'est tout autre chose».

Dont acte: «arrêtons de parler, et commençons à changer les schémas d'investissement» pour dépenser plus en amont - construction d'infrastructures solides, système d'alerte précoce... -, «ce qui permettra de sauver de nombreuses vies» et «d'économiser bien plus de dollars au moment de la reconstruction».

«Il en est de notre propre intérêt», a conclu Mme Kyte.

Dans le même esprit, la directrice du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Helen Clark, ancien premier ministre de Nouvelle-Zélande, a jugé qu'il était «impossible» de mieux prévenir les désastres si «l'on ne s'attaquait pas à la question du changement climatique».

«Les deux tiers des catastrophes naturelles proviennent du dérèglement climatique», avait rappelé le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, présent à l'ouverture samedi en tant que président de la COP 21, conférence sur le climat prévue en fin d'année à Paris.

«Le succès du rendez-vous de Sendai peut préfigurer celui de Paris et faire de l'année 2015 celle du basculement», avait-il argué.

La réunion, d'une durée de cinq jours, se tient exactement là où, il y a quatre ans précisément, un séisme de magnitude 9 et un gigantesque tsunami ont tué près de 18 500 personnes et causé le terrible accident nucléaire de Fukushima.

Les protagonistes sont censés faire le point sur les progrès réalisés depuis la précédente conférence du même type organisée quelques mois après le raz-de-marée qui avait emporté quelque 250 000 vies fin 2004 dans l'océan Indien, et «définir un cadre d'action post-2015».