Il n'y aura peut-être pas de sitôt un autre ouragan comme Sandy, qu'on a d'ailleurs surnommé «Frankenstorm».

Sandy se distinguait par son ampleur: il mesurait près de 800 km de largeur au moment de toucher terre. Et par sa trajectoire: il a viré à gauche, vers l'ouest, au lieu de s'éloigner des côtes. Ce qui, en plus, a provoqué une collision avec une tempête hivernale exceptionnelle en provenance du nord-ouest.

N'empêche que la science climatique dégage une tendance à la hausse pour la sévérité des tempêtes tropicales dans l'Atlantique Nord depuis les années 70.

De toute manière, même un ouragan moins puissant, moins exceptionnel que Sandy pourrait avoir des conséquences plus graves d'ici quelques décennies, selon ce qui ressort des plus récentes recherches.

Une réalité qu'a reconnue le maire de New York Michael Bloomberg lorsqu'il a annoncé son plan d'adaptation aux changements climatiques, en juin: «Aussi grave qu'ait été Sandy, les tempêtes futures pourraient être pires.»

À cause du réchauffement climatique causé par les émissions humaines de gaz à effet de serre (GES), la hausse du niveau des océans s'accélère.

Deux facteurs lient cette hausse aux changements climatiques: l'eau elle-même prend de l'expansion en se réchauffant, et la chaleur fait fondre les glaciers alpins et les calottes glaciaires.

Un rapport alarmant

Selon le tout récent rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), il est «pratiquement certain» que l'augmentation du niveau des océans s'est accélérée au cours des deux derniers siècles. Le taux a été de 1,7 mm par année entre 1901 et 2010. Mais il était 3,2 mm par année entre 1993 et 2010. Et la hausse sur la côte atlantique des États-Unis est deux fois plus rapide que la moyenne mondiale.

La situation a peu de chances de s'améliorer, à moins d'un changement de conjoncture majeur.

Alors que la communauté internationale affirme vouloir éviter un réchauffement de plus de 2° C - un objectif consacré à Copenhague en 2009 -, l'insuffisance des actions concrètes rend ce but pratiquement hors d'atteinte.

Le GIEC prévoit que le niveau des océans pourrait augmenter de 26 à 82 cm d'ici 2100. «Mais le bas de la fourchette va se produire seulement si on agit très rapidement», a insisté Michel Jarraud, de l'Organisation météorologique mondiale, au moment de dévoiler le rapport, le mois dernier.

Cela aura de graves conséquences pour les régions côtières, en particulier pour les grandes villes comme New York.

L'État de New York a d'ailleurs très bien analysé la question, dans un rapport sur l'impact des changements climatiques paru un an avant Sandy.

Dans le chapitre consacré aux zones côtières, ce rapport prévoit que les inondations qui revenaient tous les 10 ans pour la moyenne des années 1970 à 2000 vont se produire tous les 3 à 6 ans en 2050, et pratiquement chaque année dans la décennie 2080.

Ces projections se basent sur les hypothèses modérées du GIEC quant à la suite de choses en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre (GES). Et depuis qu'elles ont été faites, les perspectives ne se sont pas améliorées, au contraire: les émissions mondiales de GES continuent d'augmenter rapidement.

À plus long terme, selon les plus récentes recherches citées par le GIEC, l'avenir de New York et des autres villes côtières semble littéralement englouti.

En effet, au cours du dernier épisode interglaciaire, il y a 116 000 à 129 000 ans, la température n'a pas dépassé 2 degrés de réchauffement par rapport à la moyenne pré-industrielle.

Et le niveau des océans était au moins 5 m, voire 10 m plus élevé.