Le nombre d'ours noirs chassés au Québec a connu une hausse spectaculaire, en 2018. Une augmentation qui s'explique par la popularité grandissante de cette chasse, mais aussi par la croissance de la population des ours, à laquelle les changements climatiques ne sont pas étrangers.

La récolte a été bonne, cette année, pour les adeptes de chasse à l'ours noir.

Pas moins de 6513 bêtes ont été tuées au Québec, selon le « bilan préliminaire » de la saison 2018 dévoilé hier par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) ; 797 au piégeage et 5716 à la chasse.

Il s'agit d'une augmentation de 28 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

« Depuis quatre ou cinq ans, on note une tendance à la hausse de la récolte », a indiqué dans un entretien avec La Presse la coordonnatrice provinciale de la gestion de l'ours noir au MFFP, Kathleen Bédard.

La biologiste explique que cette augmentation est notamment due à une « popularité croissante » de la chasse à l'ours noir ; 18 277 permis de chasse ont été vendus cette année au Québec, ce qui représente également une hausse par rapport aux années précédentes.

DE PLUS EN PLUS D'OURS

Mais les succès des chasseurs s'expliquent également par l'augmentation du nombre d'ours noirs dans la province, dont la population est estimée à 70 000.

« Différents indicateurs démontrent que les populations sont en légère croissance à l'échelle du Québec », affirme Mme Bédard, qui explique que ce phénomène peut être lié aux changements climatiques.

Si les ours prolifèrent, c'est surtout en raison de « l'abondance de la nourriture » qu'ils affectionnent, qui est due essentiellement à deux choses, explique la biologiste : les coupes forestières, qui « favorisent la régénération » de la végétation, et le réchauffement du climat, qui rend cette végétation disponible plus longtemps et à des latitudes plus nordiques.

D'ailleurs, Québec mène depuis 2015 une recherche « sur la dynamique de population [de l'ours noir] dans un contexte de changement climatique », explique Kathleen Bédard.

Des colliers de géolocalisation ont été posés à différents individus au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en Mauricie et en Outaouais pour suivre leurs déplacements et évaluer la « productivité des femelles ».

L'ours noir, qui possède le double statut d'animal à fourrure et de gros gibier, est présent dans toutes les régions du Québec, bien qu'on l'observe moins dans les régions densément peuplées comme l'Estrie et la Montérégie.

La période de chasse s'étire du 15 mai au 30 juin ; une saison de chasse automnale est parfois ajoutée dans certaines régions où la population d'ours est particulièrement élevée.

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Ce qu'une dent d'ours peut révéler

Les chasseurs qui « récoltent » un ours noir sont invités, lors de l'enregistrement de leur prise, à fournir les deux prémolaires supérieures de la bête. Ces dents sont envoyées dans un laboratoire spécialisé. « Ça permet de déterminer l'âge des ours » et même de « déterminer l'histoire reproductive » des femelles, explique la biologiste Kathleen Bédard. C'est ce qui permet au Ministère de suivre l'évolution de la population, poursuit-elle, car contrairement aux autres gros gibiers, l'ours noir hiverne, ce qui rend impossible la réalisation d'inventaires aériens, réalisés l'hiver.