Le réchauffement de la température de l'océan Atlantique pourrait être à l'origine de la plus forte présence de baleines noires dans le golfe du Saint-Laurent, où plusieurs ont trouvé la mort l'an dernier, croit Pêches et Océans Canada.

«On pense que le changement [dans les endroits fréquentés par les baleines] est dû au changement dans la distribution et l'abondance de sa proie», a expliqué le gestionnaire de la section mammifères marins de la région du Québec, Mike Hammill, lors d'une séance d'information technique, mardi après-midi.

Les scientifiques du gouvernement canadien ont noté que le zooplancton est beaucoup moins abondant depuis 2010 dans l'«habitat traditionnel» de la baleine noire de l'Atlantique Nord, notamment dans la Baie de Fundy, a ajouté son collègue Garry Stenson, de la région Terre-Neuve et Labrador.

Même s'il est «très difficile» de lier directement le phénomène aux changements climatiques, le réchauffement de la température de l'eau le long de la côte est «peut expliquer une partie du problème», a expliqué M. Hammill.

La nourriture de la baleine noire, notamment des petits crustacés copépodes, «diminue aussi dans le golfe du Saint-Laurent», mais dans une moindre mesure, ajoute-t-il.

Cette séance d'information faisait suite à une rencontre sur la baleine noire de l'Atlantique Nord, qui a réuni une quarantaine d'experts, la semaine dernière, à Montréal, et qui a permis de faire le point sur les recherches menées au cours de l'année.

Après l'hécatombe de 2017, alors que 12 spécimens avaient trouvé la mort dans les eaux canadiennes, aucune baleine noire n'y a été tuée, cette année, bien qu'une «importante concentration» d'individus a été observée encore une fois dans le sud-ouest du golfe du Saint-Laurent depuis la fin d'avril.

Toutefois, «la population poursuit son déclin et la reproduction est aussi en déclin», a déclaré le directeur science - mammifères marins, Jean Landry, précisant qu'«aucune naissance n'a été observée en 2018» dans les eaux canadiennes.

La population mondiale de baleine noire de l'Atlantique Nord est estimée à 411 individus.

Les scientifiques du gouvernement canadien continueront d'étudier les résultats de leurs recherches au cours de l'hiver afin de déterminer si les mesures de protection mises en place cette année, comme la limitation de la vitesse des navires, la fermeture de corridors de navigation, la fermeture de zones de pêche et le raccourcissement de la saison de pêche, doivent être reconduites.