Le premier ministre japonais Taro Aso a annoncé mercredi que le Japon réduirait de 15% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020, comparé à 2005, à six mois d'un sommet à Copenhague où sera négocié un nouvel accord pour lutter contre le réchauffement climatique.

«J'ai décidé de viser un objectif de réduction de 15% à partir de 2005», a déclaré M. Aso lors d'une conférence de presse.Selon le gouvernement japonais, ce chiffre correspond à une réduction de 8% d'ici 2020 comparé à 1990, année de référence des négociations sous l'égide de l'ONU et du protocole de Kyoto, dont les premiers engagements expirent fin 2012.

M. Aso a assuré que l'objectif japonais «dépassait les objectifs à moyen terme de l'Europe et des États-Unis», qui correspondent, par rapport à 2005, à des réductions de 13% pour l'UE et de 14% pour les États-Unis, selon la méthode de calcul adoptée à Tokyo.

Cinquième émetteur mondial de gaz à effet de serre (GES), le Japon était l'un des derniers grands pays industrialisés, avec la Russie, à ne pas avoir annoncé d'objectif de réduction d'ici 2020, dans l'optique de Copenhague où doit être négocié un accord pour succéder au protocole de Kyoto.

Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, prix Nobel de la Paix 2007, juge nécessaire une réduction des émissions de GES de 25 à 40% des pays industrialisés d'ici à 2020 par rapport à 1990, afin de limiter le réchauffement de la planète à 2°C.

L'Union européenne (UE) s'est engagée sur -20%, voire -30% par rapport à 1990. Les États-Unis font valoir qu'en raison du retard pris dans la lutte contre l'effet de serre sous l'administration Bush, ils ne feront pas mieux que -14% par rapport à 2005, soit -4% par rapport à 1990.

M. Aso a martelé que le Japon devait «prendre la tête d'un mouvement mondial» de lutte contre le réchauffement climatique. «Pour autant, il est très important d'avoir un système équitable» entre les pays développés, émergents ou en voie de développement, a-t-il ajouté.

«Si une trop lourde responsabilité est placée uniquement sur le Japon, les entreprises et usines japonaises iront tout simplement s'installer dans les pays sur lesquels pèsent moins de contraintes», a-t-il prévenu.

La Chine et l'Inde, respectivement premier et troisième plus gros émetteurs de GES, n'avaient aucune contrainte de réduction d'émissions dans le protocole de Kyoto.

Le Japon devait pour sa part réduire de 6% ses émissions entre 1990 et la période 2008-2012 mais ne remplira pas son contrat, la quantité de GES émise dans l'archipel en 2007 ayant augmenté de 8,7% par rapport à 1990.

Les autorités nippones affirment toutefois que la deuxième économie mondiale est déjà dotée d'une haute efficacité énergétique, ce qui rend difficile de nouvelles limitations de pollution.

L'annonce de M. Aso a pourtant été jugée insuffisante par les organisations écologistes, WWF estimant qu'elle ne permettait pas au Japon de revendiquer un rôle moteur dans ce combat.

«Ce chiffre risque d'être utilisé comme une excuse par les autres pays industrialisés et par les pays en voie de développement pour justifier leur propre manque d'ambition», a dénoncé Naoyuki Yamagishi.

Mardi depuis Bonn (Allemagne), où se tiennent des négociations préparatoires à Copenhague, l'ONG japonaise Kiko Network, se basant sur les fuites publiées par les médias japonais avant le discours, avait dénoncé un objectif «calé sur les revendications de l'industrie et non sur les exigences de la science».