Le réchauffement climatique constaté ces dernières décennies a forcé de nombreux petits mammifères à vivre à des altitudes plus élevées dans le parc national américain de Yosemite (Californie) dans les montagnes de la Sierra Nevada, selon une étude publiée jeudi.

Cette recherche visait à comparer l'état des populations de petits mammifères présentes aujourd'hui dans le célèbre parc par rapport à celles de 1918, date du précédent grand recensement.

Les chercheurs ont constaté qu'au cours de cette période de 90 ans, la moitié de ces espèces comme les écureuils, les musaraignes et les souris ont migré vers de plus grandes altitudes.

«Le but de cette recherche n'était pas l'étude des effets du changement climatique, mais de voir ce qui avait changé dans la faune et pourquoi», depuis le dernier recensement, explique Craig Moritz, un biologiste de l'Université de Californie à Berkeley, principal auteur de ces travaux parus dans la revue américaine Science du 10 octobre.

«Mais l'observation la plus spectaculaire a été la migration à de plus grandes altitudes de la moitié des espèces de mammifères (...) et la raison qui saute au yeux est le réchauffement climatique», ajoute-t-il.

La partie centrale de la Sierra Nevada connaît un réchauffement général comme l'indique une hausse de trois degrés Celsius des températures minimales nocturnes ces dernières décennies et la diminution des glaciers, souligne le scientifique. Le glacier Lyell a par exemple vu sa taille réduite de 50% en un siècle.

L'augmentation des pluies au détriment de la neige est une autre indication du réchauffement, note le biologiste pour qui, bien que ces mouvements de population animale n'ait pas altéré la biodiversité dans le parc, des changements aussi rapides en un siècle pourraient créer des problèmes.

Le fait que seulement la moitié de ces mammifères aient migré vers de plus hautes altitudes signifie une modification de l'équilibre entre toutes ces espèces et de leurs interactions.

«Ces changements dans la composition de la faune animale se produisent depuis toujours mais probablement pas à un rythme aussi rapide à savoir durant une vie humaine», relève James Patton, un ancien professeur de biologie de l'Université de Californie, aujourd'hui à la retraite, qui a conduit les travaux sur le terrain.

Selon lui, si les mouvements migratoires des espèces sont lents, et la faune a suffisamment de temps pour s'adapter et maintenir un équilibre entre les différentes espèces.

Mais, «si le changement se produit trop rapidement des éléments clés de l'écosystème pourraient s'effondrer», estime le professeur Patton.

«C'est tout simplement quelque chose que nous ignorons et si je pouvais je préférerais minimiser le rythme de ces changements», ajoute-t-il.

Le phénomène mis en évidence confirme la nécessité de maintenir des zones protégées, tels des parcs nationaux, dans lesquelles les espèces peuvent migrer en réponse au changement climatique sans interférence de la présence humaine qui perturbe ces mouvements, soulignent les auteurs de l'étude.

«Yosemite a été très bien géré ce qui a permis à des espèces animales de se déplacer aisément vers d'autres habitats» pour survivre au réchauffement climatique, note ainsi Craig Moritz.