Des scientifiques pressent Ottawa d'agir face aux nombreuses baleines noires de l'Atlantique Nord récemment retrouvées mortes sur la côte ouest de Terre-Neuve-et-Labrador.

Selon Jerry Conway, de l'Institut canadien des baleines de Campobello, au Nouveau-Brunswick, la situation est désastreuse pour cette espèce déjà vulnérable. Il considère qu'il y a urgence d'agir.

L'expert estime que la population de baleines noires court à la «catastrophe» vu le nombre de baleines tuées, alors que seulement trois nouveau-nés ont été recensés cette année.

M. Conway prédit un déclin rapide de l'espèce.

Les collisions avec les navires et l'empêtrement dans les équipements de pêche constituent des menaces majeures pour les baleines noires.

La directrice de la Marine Animal Response Society, Tonya Wimmer, affirme que le gouvernement, l'industrie, les pêcheurs et les chercheurs doivent trouver des solutions ensemble.

«Cette population de baleines noires ne peut pas encaisser un autre choc comme celui-ci», a-t-elle exposé depuis Dartmouth, en Nouvelle-Écosse.

«Nous ne connaissons même pas les conséquences d'autant de décès sur la population, mais elle ne peut certainement pas survivre si ça se reproduit encore et encore», a-t-elle poursuivi.

Le ministre fédéral des Pêches et des Océans, Dominic LeBlanc, abordera la situation lors d'une séance d'information, jeudi, à Moncton.

Son ministère a toutefois déclaré que le nombre sans précédent de morts de baleines noires est «très inquiétant».

Selon Pêches et Océans Canada, quatre autres carcasses ont été retrouvées lundi. En tout, au moins dix carcasses de ces mammifères en voie de disparition ont été découvertes dans le golfe depuis le 7 juin.

«Des nécropsies sont en cours sur des restes de ces mammifères pour identifier les causes de décès», a ajouté le ministère dans un communiqué.

Il demande aux pêcheurs du golfe du Saint-Laurent de signaler toute observation de baleine. Les marins ont aussi été invités à réduire leur vitesse dans les voies maritimes le long du chenal Laurentien, entre les Îles-de-la-Madeleine et la Gaspésie jusqu'au 30 septembre.

Le biologiste et directeur général de la section québécoise de la Société pour la nature et les parcs du Canada, Alain Branchaud, accueille favorablement ces démarches, mais souhaite des mesures de conservation à long terme.

Il demande à Ottawa de protéger l'habitat de la baleine noire en mettant en place un réseau d'aires marines protégées.

«On s'explique mal pourquoi ce n'est pas déjà fait», a-t-il lancé, en entrevue avec La Presse canadienne.

La baleine noire de l'Atlantique Nord est une espèce en voie de disparition au Canada. Pêches et Océans Canada estime qu'il n'en reste qu'environ 500 dans le monde.