La Californie, en approuvant récemment l'instauration d'un marché des émissions de gaz à effet de serre, a confirmé sa réputation d'État le plus «vert» des États-Unis, alors que les tentatives de Washington pour imposer des mesures musclées au niveau national s'enlisent.

L'État le plus riche et le plus peuplé des États-Unis va instaurer en 2012 un marché des droits d'émissions de CO2, sur le modèle du dispositif existant depuis plusieurs années dans l'Union européenne.

Le système consiste à attribuer aux industries des quotas d'émissions de CO2, tout en leur permettant d'acheter sur un marché financier des droits d'émission à celles qui polluent moins.

Le gouverneur républicain de Californie Arnold Schwarzenegger - qui quittera son poste à la fin de l'année -, en opposition avec la plupart des membres de son parti sur les questions environnementales, a salué l'adoption de la mesure par les autorités de l'État.

«J'ai fait campagne sur ce sujet en 2003», a-t-il rappelé. «Je veux montrer à la Californie qu'on peut protéger à la fois l'économie et l'environnement», a-t-il déclaré devant le Bureau californien de la qualité de l'air, qui a adopté la mesure le 16 décembre dernier par 9 voix contre 1.

«Ce n'est pas seulement une question de réchauffement climatique», a-t-il ajouté, à l'adresse de ceux qui mettent en doute les assertions des scientifiques sur l'augmentation des températures.

«Depuis 2006, les emplois 'verts' ont été créés dix fois plus vite que dans tous les autres secteurs de l'économie, donc c'est un plus», a-t-il affirmé.

L'Union européenne est le seul espace économique à ce jour à avoir instauré un marché des émissions à grande échelle - un outil indispensable pour atteindre ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre.

Dix États de la côte est ont également instauré l'an dernier un marché des émissions, mais l'initiative est limitée au secteur de l'énergie.

La Chambre américaine des représentants avait approuvé en 2009 un plan similaire, le premier de l'histoire au niveau national, avec le soutien du parti démocrate du président Barack Obama.

Mais la proposition avait été retoquée au Sénat, où les républicains avaient estimé qu'une telle mesure affaiblirait les entreprises, déjà mises à mal par la crise économique.

Les derniers espoirs d'adoption du dispositif se sont envolés avec la victoire des républicains aux récentes élections de mi-mandat.

Judi Greenwald, vice-présidente du Pew Center sur le changement climatique, estime que l'exemple californien pourrait inspirer d'autres États, particulièrement dans l'ouest du pays.

«Si les gens voient que cela marche vraiment et que le ciel n'est pas tombé sur la tête des Californiens, je pense que ça peut faire une grande différence», a-t-elle déclaré à l'AFP. «C'est souvent la Californie qui montre la voie, dans ce pays», a-t-elle a ajouté.

Les quotas d'émissions accordés par l'État californien aux entreprises seront peu à peu abaissés, pour les obliger à devenir plus «vertes».

Les entreprises pourront également compenser leurs émissions en soutenant des projets de défense de l'environnement, notamment la préservation des forêts au Mexique et au Brésil.

La Californie s'est fixée pour objectif de réduire ses émissions de 25%, pour ramener en 2020 leur niveau à celui de 1990.