La conférence sur le climat s'est ouverte lundi à Copenhague sur un appel pressant à «voter pour la Terre» et à saisir une chance qui ne se représentera peut-être jamais pour définir une riposte mondiale face au réchauffement qui menace la planète.

«Vous êtes, pendant une courte période, dépositaires des espoirs (...) de l'humanité», a déclaré le premier ministre danois Lars Loekke Rasmussen en ouvrant les travaux devant 1200 délégués du monde entier, suggérant que la capitale danoise devienne, deux semaines durant, «Hopenhague» (le port de l'espoir).

«Copenhague, c'est notre chance. Si nous ne la saisissons pas, nous pourrions attendre des années avant d'en avoir une autre. Si elle se représente un jour», a lancé la Danoise Connie Hedegaard, qui préside la conférence.

La réunion a débuté par la projection d'un court film-catastrophe montrant une fillette endormie à côté de son ours blanc en peluche et qui s'éveille au milieu d'un désert au sol craquelé, avant d'être rattrapée par des vagues déchaînées.

«Aidez-nous à sauver le monde», lâche-t-elle, terrifiée, face à la caméra.

Jusqu'au 18 décembre, date de la fin des négociations en présence de 110 chefs d'État ou de gouvernement, les représentants de 193 pays (selon l'ONU) tenteront de trouver un accord permettant de limiter à deux degrés la hausse moyenne de la température de la planète par rapport au niveau pré-industriel.

Dès l'entrée dans le centre de conférence, les délégués étaient priés de choisir leur voie: une porte rouge pour le réchauffement climatique, une verte pour «voter pour la Terre». Superstition ou conviction? Personne n'a emprunté la rouge, où deux jeunes gens en combinaison grise tentaient pourtant d'attirer le visiteur avec des pancartes «Protégez vos intérêts».

Cette conférence ne sera un succès que «si une action significative et immédiate commence» le jour même où ses travaux s'achèveront, a prévenu le patron du climat à l'ONU, Yvo de Boer. «Les pays en développement attendent désespérément une action tangible et immédiate».

Pour répondre aux besoins urgents des pays vulnérables face au changement climatique, l'idée d'un financement immédiat, chiffré à 10 milliards de dollars par an jusqu'en 2012, prend corps.

Les pays en développement ont cependant lancé un avertissement très clair: les discussions sur le financement ne peuvent s'arrêter là. «Cela ne signifiera absolument rien s'il n'y a pas, au-delà, un décollage significatif» des montants, a expliqué à l'AFP Dessima Williams, présidente de l'Alliance des petits États insulaires (Aosis).

Cependant, l'ambassadeur de France pour le climat, Brice Lalonde, se félicitait d'une «tonalité générale positive» pour cette première journée.

«Il y a une dynamique positive, avec une présidente très technique. On n'a pas, dès le départ, quelqu'un qui dit: on ne fera rien tant que...»

M. Lalonde a également souligné les «bonnes nouvelles» qui arrivent par ailleurs, comme l'annonce de l'Agence américaine de l'environnement (EPA) décidée à réglementer les émissions nationales de CO2: «C'est la fin d'une longue bataille engagée sous le président Bush», a-t-il insisté, en jugeant que cette décision allait renforcer la «crédibilité» des engagements américains au plan international sur la réduction de leurs émissions polluantes.

Enfin, une pétition signée par 10 millions de personnes à travers le monde pour réclamer un accord ambitieux d'ici au 18 décembre a été remise lundi aux responsables de la conférence par la campagne de mobilisation sur le climat, «TckTckTck», pour rappeler le tic-tac de l'horloge qui tourne.