Les autos n'ont jamais été aussi efficaces, aussi peu énergivores qu'aujourd'hui. Les normes gouvernementales sont plus sévères et la technologie, très poussée. Et pourtant, jamais les voitures n'ont autant pollué qu'aujourd'hui.

Pourquoi? Parce qu'elles sont tout simplement plus grosses, plus lourdes et plus puissantes, autant d'éléments qui annulent carrément les gains en efficacité exigés par les autorités.

C'est dans ce contexte qu'il faut apprécier l'annonce faite mardi par l'Administration Obama, qui obligera les constructeurs à modifier leurs véhicules afin qu'ils puissent franchir quelque 35 milles par gallon en 2016, plutôt que les 25 milles actuels.

Cette mesure, qui devance de quatre ans l'implantation des normes attendues, s'étendra fort probablement au Canada, vu l'intégration des deux marchés. Le cas échéant, les véhicules consommeront à terme 6,6 litres aux 100 kilomètres.

Une telle cible n'a rien de banal quand on sait que les émissions polluantes des VUS, camionnettes et autres fourgonnettes ont poussé à la hausse les gaz à effet de serre de tout le secteur du transport ces dernières années.

Au Québec, par exemple, les émissions de GES des automobiles ont diminué de 8 % entre 1990 et 2007, mais celles des camions légers ont fait un extraordinaire bond de 91 %. Résultat : une hausse globale de 11 %.

Cela dit, tempérons l'annonce de la Maison-Blanche. Certes, le fait que le président ait réussi à réunir écologistes et fabricants d'autos sur une même tribune montre que cette annonce fait consensus... mais aussi - et surtout - à quel point les États-Unis ne font que rattraper le temps perdu.

Mesurons l'étendue du retard. On souhaite améliorer les véhicules pour qu'ils parcourent 35 milles avec un gallon d'essence d'ici sept ans. Au Japon, à titre comparatif, les véhicules atteindront 48 milles... dès l'année prochaine. En Europe, ce sera 44 milles. Et en Chine, mieux encore, les véhicules franchissent actuellement 37 milles avec un gallon.

Au rythme où vont les choses, l'Amérique du Nord rejoindra les normes européennes actuelles... en 2030, estime le professeur Lee Schipper, de l'Université Stanford. L'annonce d'Obama équivaut donc, ni plus ni moins, à déplacer les chaises sur le pont du Titanic, a-t-il indiqué au New York Times.

Les vainqueurs, dans un tel contexte, ne sont donc ni les citoyens ni les écologistes, mais plutôt les constructeurs qui auront réussi à repousser le plus longtemps possible l'implantation d'une norme nationale plus sévère. Leur sourire, mardi, en était la plus belle confirmation.

«L'industrie automobile atteindra en 2016 le niveau d'évolution qu'elle aurait dû atteindre en 2002 ou en 2004», a souligné au Soleil George Iny, président de l'Association de protection des automobilistes.

Les poursuites intentées à tout vent pour ralentir le processus auront donc fait mouche : permettre aux fabricants de gagner une bonne dizaine d'années, de vendre le plus de gros véhicules énergivores possible avant que l'inévitable ne survienne.

Un peu comme des enfants qui se dépêchent à mettre le plus de bonbons possibles dans leur bouche avant qu'un parent ne découvre leur cachette...

D'ailleurs, en obligeant les constructeurs à se préparer à un monde où le pétrole coûtera beaucoup plus cher, le président Obama ne protège-t-il pas ces derniers contre eux-mêmes, comme on le fait pour des enfants...

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Norvège : finies, les autos

S'il n'en tenait qu'à la ministre norvégienne des Finances, Kristin Halvorsen, la vente de voitures neuves à essence serait carrément interdite dans son pays dès 2015, exception faite des modèles hybrides. «C'est beaucoup plus réaliste que ce qu'ont cru les gens à la première annonce de cette proposition», a-t-elle indiqué à Reuters. L'idée vient du Parti socialiste de gauche, auquel appartient Mme Halvorsen et qui est membre minoritaire de la coalition tripartite dirigée par les travaillistes. Le premier ministre, Jens Stoltenberg, est opposé à cette idée.

Photo: AP

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Courrier du bac

Q Puisque j'utilise des sacs réutilisables à l'épicerie, je n'ai plus de sacs pour la poubelle de ma cuisine. Que faire? (Madeleine Millette, Trois-Rivières)

R Tout dépend si vous avez une poubelle en plastique, ou un cadre métallique pour sac. Dans le premier cas, vous pouvez simplement abandonner les sacs et laver régulièrement votre poubelle. La quantité d'eau utilisée sera moindre que celle exigée par la production d'un sac, précise Recyc-Québec. Dans le cas du cadre métallique, vous êtes mieux de payer 5 ¢ pour un sac à usage unique que de payer pour un épais sac de poubelle.

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Le Bixi en chiffres...

Après un peu plus d'une semaine d'activité, le réseau de vélos en libre service de Montréal compte :

- 1555 membres (100 membres/jour)

- 11 602 déplacements (1000 déplacements/jour)

- environ 110 stations implantées (sur un total de 300)

- 599 vélos en service (sur un total de 3000)

 

 

Photo: La Presse