La plus grande campagne de vaccination de l'histoire du Canada est sur le point de commencer. Le ministre de la Santé du Québec, Yves Bolduc, a confirmé hier que les provinces n'attendent plus que le feu vert d'Ottawa pour distribuer les premières doses. «D'ici les deux ou trois prochains jours, nous ferons une annonce officielle», a dit M. Bolduc.

Si le vaccin est homologué rapidement cette semaine, M. Bolduc n'écarte pas l'idée que la campagne puisse commencer dès lundi prochain.

 

Comme prévu, les travailleurs du milieu de la santé seront vaccinés en premier, de même que les personnes à risque telles que les femmes enceintes, les jeunes enfants et les personnes atteintes de maladies chroniques.

Plus tôt hier matin, la ministre fédérale de la Santé, Leona Aglukkaq, a indiqué que deux millions de doses de vaccins ont déjà été acheminées aux provinces, qui n'attendent que l'homologation. Selon elle, le processus qui doit déterminer si le vaccin est sûr ou non suit son cours et devrait être terminé rapidement.

Mme Aglukkaq a aussi promis que des vaccins sans adjuvant seront bientôt disponibles pour les femmes enceintes. L'adjuvant est un produit qui rehausse l'efficacité d'un vaccin pour qu'une dose plus faible puisse être utilisée. Ottawa, qui n'avait pas prévu au départ acheter de vaccins sans adjuvant, s'est finalement ravisé et en a acheté 1,8 million de doses.

Le ministre Bolduc a précisé que ces vaccins sans adjuvant seront disponibles un peu après les autres et que la campagne de vaccination pour ces produits sera «un peu décalée», sans pouvoir préciser de combien de jours.

Et les bébés?

Québec et Ottawa ne s'entendent pas pour savoir si les jeunes enfants, tout comme les femmes enceintes, devraient recevoir le vaccin avec ou sans adjuvant. Hier matin, l'administrateur en chef de la santé publique du Canada, le Dr David Butler-Jones, a affirmé que le vaccin avec adjuvant est recommandé dès l'âge de 6 mois.

Pourtant, au cours des dernières semaines, le gouvernement du Québec a déclaré qu'il préférait donner la version sans adjuvant aux enfants de moins de 2 ans. «On continue de recommander le vaccin sans adjuvant pour les enfants de 6 à 23 mois», a affirmé le ministre Bolduc en ajoutant que si les autorités fédérales émettent des directives différentes, Québec rajustera le tir.

Le ministre Bolduc a aussi confirmé que le gouvernement pourrait avoir recours à une loi spéciale modifiant les conditions de travail du personnel du réseau de la santé si l'épidémie de grippe faisait des ravages. «La loi prévoit qu'on peut adopter un décret en temps de catastrophe. C'est-à-dire si 30% ou plus de la population est touchée», a dit M. Bolduc. La semaine dernière, M. Bolduc avait écarté la possibilité de recourir à un décret. Advenant que l'épidémie soit très sévère, les infirmières à la retraite depuis quelques années et les étudiantes en soins infirmiers pourront être appelées en renfort. Leur contribution se fera de façon volontaire.