Erika Rivera, ex-conjointe d'Arturo Gatti, entreprend des poursuites contre Amanda Rodrigues, dernière conjointe du défunt boxeur, sans trop savoir ce qu'elle fait et sans en mesurer toutes les conséquences. Elle se contredit également beaucoup.

C'est du moins ce qui se dégage de l'audience qui s'est tenue vendredi dans le cadre du procès civil visant à faire déclarer Mme Rodrigues indigne de succéder à son défunt mari pour cause de captation. Mme Rivera, résidante du New Jersey qui s'est jointe tardivement à ce recours intenté par Fabrizio et Ida Gatti (frère et mère d'Arturo), a aussi intenté une poursuite récemment aux États-Unis contre Mme Rodrigues, l'accusant d'avoir causé la mort du boxeur, au Brésil, en juillet 2009. Cette seconde poursuite a pour effet de geler tous les actifs de la succession et empêche même Mme Rodrigues d'obtenir la pension alimentaire pour le fils qu'elle a eu avec le boxeur.

«Je ne savais pas, c'est injuste», a balbutié Mme Rivera, vendredi, lorsque la juge Claudine Roy lui a présenté ce fait. La magistrate était par ailleurs fort étonnée d'apprendre que Mme Rivera, elle, recevait sans problème la pension alimentaire de 4640$ par mois pour la fille qu'elle a eue avec M. Gatti, en 2006. La juge Roy pense que le gel aurait dû la toucher, elle aussi. La juge a aussi signalé à Mme Rivera que le gel des fonds empêchait de payer les avocats dans une cause intentée contre le boxeur, en Floride. Un homme, qui aurait été battu par Gatti en avril 2009, réclame 2 millions de dollars. Or, si la succession ne se défend pas, elle pourrait être condamnée par défaut et tout perdre.

Drogue et alcool

Mme Rivera, 32 ans, a admis vendredi qu'elle avait déjà été danseuse nue, en 1998-1999. Elle travaille maintenant comme ingénieure pour le ministère de la Défense, au New Jersey. Elle est devenue enceinte quelques mois après avoir commencé à sortir avec Arturo Gatti et a donné naissance à leur fille le 31 mars 2006. La relation était déjà terminée à ce moment-là. Les deux se sont affrontés en cour pour la garde de l'enfant. Mme Rivera avait dépeint le boxeur comme un homme violent, buveur, drogué, paranoïaque, qui avait des hallucinations et qui était suicidaire. Elle avait réussi à obtenir la garde de la petite Sofia, tandis que Gatti s'était vu accorder seulement des droits de visite supervisée. Le boxeur a créé un fonds de 75 000$ pour les études de l'enfant. Mme Rivera a aussi obtenu une pension alimentaire pour la petite de 4640$ par mois, somme qui a été garantie par un fonds de 1 million de dollars.

Mais aujourd'hui, dans le cadre de ses deux poursuites, Mme Rivera revient sur ses paroles. Arturo n'avait pas vraiment de problèmes d'alcool ni de drogue, et il n'était pas suicidaire. Mme Rivera a noirci Gatti parce qu'elle craignait qu'il ne lui enlève la garde de l'enfant, a-t-elle fait valoir, vendredi. Il l'avait d'ailleurs menacée en ce sens, disant qu'il avait l'argent pour se défendre alors qu'elle n'avait pas un sou.

Questionnée sans relâche par Me Pierre-Hugues Fortin, qui représente Mme Rodrigues, Mme Rivera s'est montrée hésitante et a eu beaucoup de mal à répondre. Par exemple, à une des questions, elle a répondu: «Je ne sais pas, je suis sûre, je ne me rappelle pas et je dois l'avoir fait.» La juge Claudine Roy est intervenue en disant que c'était très difficile à suivre pour un juge.

La magistrate s'est aussi étonnée du fait que Mme Rivera estime aujourd'hui que M. Gatti n'avait pas vraiment de problèmes de drogue. «Il prenait de la cocaïne, de l'ecstasy, de la mari, des pilules contre la douleur, des pilules pour dormir et de l'alcool. Qu'est-ce que ça prend pour avoir des problèmes?», a demandé la juge.

Après la mort d'Arturo Gatti, Mme Rivera n'avait pas voulu entreprendre quelque poursuite que ce soit. Elle a changé d'idée juste avant le début du procès, en constatant que la succession lui réclamait les intérêts accumulés dans le compte d'études de sa fille. C'est du moins ce qu'elle a compris.

Mme Rivera est sortie en pleurs au moment d'une pause, et elle a aussi éclaté en sanglots une fois lors de son témoignage. «Je ne voulais pas m'impliquer. Je travaille à plein temps, je suis mère à temps plein», a-t-elle dit.

En après-midi, Michael Prospero, tenancier du bar Squeeze Lounge, au New Jersey, est venu dire qu'Amanda Rodrigues avait travaillé de six à huit mois comme danseuse exotique dans son établissement, en 2006. C'est d'ailleurs là que Gatti l'aurait rencontrée. Des photos d'une fête dans le bar, dont l'une montre Mme Rodrigues en bikini, ont été déposées en preuve. Lorsqu'elle a témoigné, Mme Rodrigues a juré qu'elle n'avait jamais travaillé comme danseuse au Squeeze Bar, ni ailleurs.

Les parties ont fini de présenter leur preuve. Les plaidoiries se tiendront les 17, 18 et 20 octobre prochains. La succession de Gatti, qui était évaluée au départ à près de 6 millions de dollars, aurait fondu de moitié depuis la mort du boxeur. Rappelons qu'Arturo Gatti avait changé son testament trois semaines avant de mourir pendu, au Brésil. C'est Mme Rodrigues qui hérite de tout, selon ce document.