Le partage a permis la création du tourisme. On n’a qu’à penser aux pèlerins qui logeaient chez l’habitant. Les entreprises comme Airbnb et Uber n’ont pas inventé l’économie collaborative : elles l’ont organisée et commercialisée. Ce partage de ressources entre êtres humains est historiquement ancré dans nos mœurs de voyageurs et sa popularité d’aujourd’hui bouscule l’industrie… et même nos milieux de vie !

L’amélioration des moyens de communication, les réseaux sociaux en tête de liste, a permis à l’économie du partage de prendre une place importante dans plusieurs secteurs liés au tourisme comme l’hébergement, le transport ou les équipements spécialisés. La disponibilité des ressources étant plus facile à faire connaître, la croissance a été fulgurante.

Il faut admettre que l’idée de base est excellente et s’inscrit dans une démarche de développement durable si souhaitée aujourd’hui : je possède quelque chose dont je ne me sers pas 100 % du temps. Pourquoi ne pas rendre cette chose disponible à quelqu’un d’autre pour une rémunération raisonnable ? C’est gagnant-gagnant… et gagnant en matière d’optimisation des ressources.

Comme pour plusieurs idées géniales, l’intérêt commercial s’est saisi du principe. Pas juste pour le pire. L’économie du partage plus organisée permet de rendre davantage accessibles des expériences mémorables et diversifiées (par exemple : louer une villa sur le bord de la mer, un chalet isolé dans une île ou simplement partager un appartement et ainsi découvrir une grande ville à un coût raisonnable).

Toutefois, les prix imbattables des débuts ont été usés par l’appétit de la demande, et les organisations et locateurs, surtout dans l’hébergement urbain, ont bien compris que l’intérêt était au rendez-vous. Dans ce que le client donne dans le « partage » de cette économie, il y a de plus en plus d’argent.

En plus des prix qui ont augmenté significativement dans certaines situations, la location à court terme de condos et de chalets a créé du brouhaha dans plusieurs communautés. Parlez-en aux résidants du Vieux-Montréal et de nombreux lacs du Québec ! L’humain est parfois trop habile pour trouver les failles du système et les exploiter. Heureusement, la législation évolue. Les nouvelles dispositions du projet de loi 25 sur l’hébergement touristique illégal, entrées en vigueur le 1er septembre dernier, constituent certainement une avancée sur plusieurs plans. Ces règles visent à mieux encadrer cette pratique au bénéfice des voyageurs, des résidants, mais aussi pour assurer une saine concurrence avec les autres types d’hébergement touristique.

L’avenir de l’économie du partage sera intéressant à suivre. Les touristes plus expérimentés que nous sommes ont compris l’intérêt de la quête d’authenticité qui vise à goûter un style de vie, une culture, une cuisine propres à un territoire. L’économie du partage permet ce rapprochement avec la population locale en éliminant les intermédiaires ou en facilitant l’accès aux expériences dans une forme plus pure.

On pourra assister au développement de plateformes collaboratives basées sur des motivations, des types de voyages ou des activités comme Terego, pour stationner son VR chez un producteur agricole, ou encore Locapaq pour louer de l’équipement de plein air. Des pépites québécoises à promouvoir et desquelles s’inspirer.

Un des principaux défis contemporains pour une partie importante de la population est d’assouvir sa soif de voyage tout en évitant de contribuer aux changements climatiques. Une des solutions qui apparaissent comme les plus porteuses est le développement du tourisme local. Encore faut-il se sentir dépaysé dans son propre pays ! L’économie du partage est appelée à être un acteur important de cette métamorphose du voyage en permettant l’exploration du territoire et l’accès à des activités diversifiées à un prix raisonnable, tout en demandant moins de ressources supplémentaires à notre planète.

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