Nous publions aujourd’hui un Cadre de référence sur l’air1 avec l’objectif d’amener le gouvernement du Québec à mettre en place une stratégie de réduction de la pollution atmosphérique afin de protéger la santé des citoyens et citoyennes pour l’ensemble du territoire.

Ce Cadre a reçu l’appui de 14 associations médicales, ordres professionnels, syndicats et autres organisations, dont le Collège des médecins, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, le Collège québécois des médecins de famille et l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.

Depuis plusieurs années, l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) suit de près plusieurs dossiers liés à la qualité de l’air. Certains concernent des émissions industrielles (à Limoilou, Rouyn, Arvida) ou domestiques (comme les équipements fonctionnant au gaz). D’autres sont liés à des orientations d’aménagement du territoire qui peuvent protéger les populations des effets nocifs de la pollution de l’air engendrée par le trafic routier.

Par exemple, nous soutenons l’adoption de zones tampons de 300 mètres aux abords d’autoroutes urbaines lors de la construction d’écoles et de garderies.

De plus, les épisodes impressionnants de feux de forêt que nous avons connus au cours de 2023 – fort probablement liés aux changements climatiques – nous ont confirmé la nécessité d'entamer une réflexion collective sur la qualité de l'air de manière à protéger la santé des Québécois et Québécoises.

Chaque jour, nous respirons un bouillon de particules solides, liquides ou gazeuses, parfois visibles mais qui passent en fait souvent inaperçues et qui pénètrent profondément dans notre arbre respiratoire, pour ensuite imprégner l’ensemble des organes de notre corps. La science est très claire : variés et multiples (comme les particules fines, les oxydes de soufre ou d’azote, l’ozone, notamment), ces polluants nous rendent malades. Leurs effets sont de mieux en mieux documentés : ils précipitent des crises d’asthme, des arrêts cardio-respiratoires et des accidents cérébrovasculaires. Ils ont également des effets cancérigènes et endommagent le système nerveux central, causant des retards de développement ou des difficultés d’apprentissage chez les enfants, et de la démence précoce ou des troubles de santé mentale chez les adultes. D’ailleurs, en raison de la documentation de l’ampleur des impacts sanitaires de la pollution de l’air à des concentrations relativement peu élevées, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment revu à la baisse ses valeurs-guides pour des polluants ciblés.

Coûts sanitaires

Ces problèmes de santé engendrés par une mauvaise qualité de l’air sont aussi un fardeau pour nos systèmes de santé, et diminuent notre productivité de même que notre espérance de vie. Selon Santé Canada, la pollution atmosphérique est responsable de 4000 décès par année au Québec, avec des coûts sanitaires évalués à 30 milliards de dollars annuellement pour la société.

Le Cadre de référence pour un air sain que nous dévoilons aujourd’hui expose les impacts significatifs des polluants atmosphériques et présente les grandes lignes de la gestion de la qualité de l’air au Québec. En nous basant sur les recommandations scientifiques et sur des initiatives nationales et internationales, nous soulignons certains éléments de la gestion de la qualité de l’air qui devraient et pourraient être modifiés dans de courts délais. Nous réitérons notre conviction qu’une révision des normes de qualité de l’air, une refonte de l’indice de la qualité de l’air ainsi qu’un programme de gestion de la qualité de l’air structurant, coordonné et mobilisateur doivent être développés.

Nous proposons qu’à l’image de la Stratégie nationale sur l’eau, le Québec se dote d’une Stratégie nationale pour un air sain afin d’orienter les actions du gouvernement en termes de gestion de la qualité de l’air au Québec.

Enfin, nous suggérons des pistes d’actions à intégrer dans un tout cohérent qui puisse mobiliser l’ensemble des acteurs concernés et la population québécoise, avec des actions connexes, notamment liées aux transports collectif et actifs, à la lutte contre les changements climatiques, et aux enjeux d’aménagement du territoire et de protection des milieux naturels.

Le travail pour assurer une bonne qualité de l’air à l’ensemble des Québécoises et des Québécois a certes avancé, mais il est loin d’être terminé. Aujourd’hui, nous invitons l’ensemble des acteurs concernés à accélérer ce travail important, avec la mise en place de mesures structurantes afin d’améliorer directement la santé et le bien-être des Québécoises et Québécois.

*Cosignataires: Dre Ève Riopel, Dre Johanne Elsener, présidente de Santé Urbanité et collaboratrice de l’AQME, Patricia Clermont, coordonnatrice de l’AQME

Les 14 associations médicales, ordres professionnels, syndicats et autres organisations appuyant le Cadre de référence sur l’air de l’AQME : Collège des médecins du Québec, Collège québécois des médecins de famille, Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, Association des pneumologues de la province de Québec, Association des spécialistes en médecine préventive, Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Association pour la santé publique du Québec, Action cancer du sein du Québec, section québécoise de l’Association canadienne des infirmiers et infirmières pour l'environnement, Fondation canadienne pour la santé vasculaire, Fondation des maladies du coeur et de l'AVC (Coeur + AVC), Fondation québécoise du cancer

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