Il y a 17 ans, le 12 juillet 2006, éclatait sans aucun avertissement un grave affrontement armé sur la frontière commune israélo-libanaise entre l’armée israélienne (Tsahal) et un commando de combattants du Hezbollah libanais.

Huit soldats israéliens avaient été tués et deux avaient été pris en otage, ce qui a déclenché un conflit entre Israël et le Hezbollah qui devait durer 33 jours. Il faut bien parler de « conflit » plutôt que de « guerre » puisqu’il s’agissait, comme aujourd’hui, non pas d’un affrontement entre deux États, mais d’un conflit asymétrique entre une entité étatique, Israël, et un groupe armé, le Hezbollah, et non le Liban en tant qu’État, tout comme pour Israël et le Hamas à l’heure actuelle à Gaza.

En juillet 2006, comme pour le conflit actuel, la première réaction des alliés d’Israël, au premier chef les États-Unis et la France, fut de déclarer qu’« Israël avait le droit de se défendre ». Le Canada, dont le premier ministre était Stephen Harper, avait aussi emboîté le pas, comme c’est d’ailleurs le cas à l’heure actuelle pour Justin Trudeau.

Toutes proportions gardées, à 17 années d’intervalle, le conflit de 2006 et l’affrontement actuel entre Israël et le Hamas, bien que différents, ont des similitudes évidentes.

En juillet 2006, nombre d’observateurs avaient estimé que l’affrontement sur la frontière israélo-libanaise était motivé par la volonté du Hezbollah de se porter au secours du Hamas dans le but de détourner l’attention de l’armée israélienne qui bombardait lourdement la région de Gaza afin d’obtenir la libération d’un de ses soldats enlevés par le Hamas un mois plus tôt.

Les otages

Dans le cas du conflit de 2006 comme de l’actuel conflit à Gaza, la notion d’otages était au cœur des revendications d’Israël qui exigeait alors la libération du soldat Gilad Shalit comme condition préalable à un cessez-le-feu. Kidnappé en juin 2006, celui-ci ne fut finalement libéré qu’en juin 2011, en échange de plus de 1050 membres du Hamas détenus par Israël dont Yahya Sinwar, l’actuel dirigeant du Hamas à Gaza, qui avait passé deux décennies dans les geôles israéliennes.

S’agissant de l’actuel conflit, outre le massacre de 1400 citoyens israéliens perpétré par le Hamas qui s’est rendu coupable d’innommables atrocités, 240 Israéliens ont été enlevés. Tel-Aviv exige maintenant leur libération dans les négociations, alors que le Hamas exige également la libération de prisonniers.

On voit bien la similitude de l’évolution de l’opinion publique par rapport au conflit actuel, compte tenu du nombre croissant de victimes innocentes, notamment les enfants, les femmes et les personnes âgées, sous les bombardements israéliens incessants à Gaza qui attirent maintenant les accusations de violations du droit international, voire de crimes de guerre tellement la riposte israélienne semble disproportionnée.

Dans le présent conflit, la position du gouvernement libéral se veut plus nuancée qu’en 2006, sans pour autant aller jusqu’à voter en faveur d’un cessez-le-feu aux Nations unies, comme l’a fait la France par exemple, mais se montrant favorable à une forme de trêve humanitaire en s’abstenant.

Ligne rouge

Alors que se passe-t-il à l’heure actuelle sur la frontière nord d’Israël avec le Liban ? À coups de missiles, de drones et de barrages d’artillerie, l’affrontement entre Israël et le Hezbollah est bien engagé.

La menace du Hezbollah doit être prise très au sérieux. Fort de l’expérience acquise lors du conflit de juillet 2006 qui, selon le Hezbollah, avait fait sauter le mythe de l’invincibilité de l’armée israélienne et s’était soldé par ce que le groupe chiite a qualifié de « victoire divine », le Hezbollah s’est réarmé et on estime qu’il compte maintenant plus de 50 000 combattants actifs et possède 150 000 missiles.

Le Hezbollah franchira-t-il la ligne rouge en s’engageant dans ce conflit ? Les Américains le craignent au point d’avoir mobilisé deux très puissants groupes de combat navals autour de deux porte-avions en Méditerranée au large des côtes libanaises et lancé un sévère avertissement en guise de dissuasion visant le Hezbollah et l’Iran.

Israël, pour sa part, met le Hezbollah en garde contre une telle entrée dans le conflit, soulignant les conséquences « inimaginables » pour le Liban.

La guerre de 2006 a coûté très cher au Liban, aujourd’hui ruiné. Il faut se rappeler que la communauté chiite dont est issu le Hezbollah ne compte que pour le tiers de l’ensemble de la population libanaise.

Il est encore trop tôt pour dire ce que fera le Hezbollah. L’Iran, tout en attisant les flammes du conflit via ses alliés régionaux au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen, n’a pas intérêt qu’il se produise une escalade régionale du conflit qu’il ne pourrait gagner. En conséquence, on peut imaginer que le Hezbollah se limitera aux échanges de tirs limités de part et d’autre de la frontière plutôt que de s’engager pleinement dans ce conflit.

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