Convenons que le Canada est un pays pétrolier et qu’il faut du courage politique pour y réglementer cette industrie qui fait vivre l’ouest du pays. Reconnaissons aussi qu’aucun autre producteur de pétrole au monde n’a encore accouché d’une stratégie comme celle que vient de dévoiler le ministre de l’Environnement canadien, Steven Guilbeault.

Cela étant dit, il faut bien appeler un chat un chat. Ce plan censé plafonner les émissions du secteur pétrolier apparaît cruellement insuffisant pour affronter les défis de notre époque.

L’approche de M. Guilbeault repose sur une prémisse très discutable : celle qu’il est possible de diminuer les émissions de gaz à effet de serre du secteur pétrolier et gazier tout en augmentant sa production. Le graphique présenté ici, qui provient directement des documents du gouvernement, est en effet très clair : en 2030, le Canada ne tirera pas moins, mais bien plus de pétrole du sol.

Extraire plus en polluant moins est un pari technique qui est loin d’être gagné. Mais surtout, même si on y parvient, on ne s’attaque qu’à une infime partie du problème. L’extraction ne compte que pour environ 10 % des émissions d’un baril de pétrole. Le reste vient du raffinage (grosso modo 5 %) et de son utilisation (85 %).

Or, tout cela échappe au plan fédéral. En 2030, considérant l’ensemble du portrait, le pétrole canadien risque donc de générer davantage de gaz à effet de serre dans l’atmosphère qu’aujourd’hui. Peut-on vraiment parler d’un plafond ?

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