Chaque vendredi, nous revenons sur la semaine médiatique d’une personnalité, d’une institution ou d’un dossier qui s’est retrouvé au cœur de l’actualité.

Avez-vous déjà pris le REM ? Moi oui. Plusieurs fois. Quand il fonctionne bien, l’expérience est très agréable. Je ne me lasse pas de la vue imprenable sur Montréal ou du point de vue unique sur le fleuve à partir du pont Samuel-De Champlain. J’apprécie le REM parce que je l’utilise occasionnellement, je ne dépends pas de lui pour me rendre au travail. Si c’était le cas, je serais grimpée aux rideaux.

Se déplacer en autobus, en métro ou en REM devrait être une expérience positive qui génère un sentiment de satisfaction.

Après tout, on contribue à la réduction des GES et à la diminution de la circulation automobile qui paralyse nos villes.

Alors, dites-moi, pourquoi se sent-on souvent comme un citoyen de seconde zone ? Un perdant ?

La semaine qui s’achève aura été particulièrement démoralisante pour les usagers des transports publics. À commencer par les utilisateurs du REM qui ont vécu une semaine catastrophique. Ils mériteraient une passe mensuelle gratuite pour tout ce qu’ils ont enduré depuis la mise en œuvre du train léger sur rail qui fait le lien entre la gare Centrale et Brossard.

On ne compte plus les pannes et autres interruptions de service depuis l’été dernier.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Se déplacer en autobus, en métro ou en REM devrait être une expérience positive qui génère un sentiment de satisfaction. Mais c’est tout le contraire qui semble se produire…

On comprend que le lancement d’un nouveau service vient avec son lot de pépins techniques et d’ajustements, c’est tout à fait normal, mais en ce début novembre, alors que les premières chutes de neige se dessinent à l’horizon, disons que la confiance des usagers est sérieusement ébranlée. Sur Facebook, les gens racontent qu’ils ont recommencé à se rendre au travail en auto, d’autres mettent sur pied des groupes de covoiturage. Quel gâchis !

Le REM aurait dû faciliter la vie des navetteurs, mais jusqu’ici, c’est plutôt le contraire. Leur expérience s’est dégradée.

Il serait trop long de dresser la liste de toutes les tuiles qui leur sont tombées sur la tête, alors parlons seulement de la panne de lundi après-midi, en pleine heure de pointe. Imaginez : les usagers se sont retrouvés coincés, certains pendant plus de 90 minutes, sans aucune information sur ce qui se passait. On a même suggéré à certains passagers de retourner à Montréal pour pouvoir prendre le métro en direction de Longueuil !

Le lendemain, la filiale de la Caisse de dépôt et placement responsable du REM, CDPQ Infra, a admis que la communication était « déficiente ». Je suggère un autre qualificatif : médiocre. Ou inexistante.

Les usagers du REM se plaignent depuis trois mois de cette absence de communication quand se produit une panne. Silence radio. Il aura fallu les pressions de l’animateur Paul Arcand (encore lui !) pour que CDPQ Infra donne enfin signe de vie et envoie Philippe Batani, premier vice-président Affaires publiques, communication et stratégie, au front.

De la part d’une grande institution qui n’a pourtant pas l’habitude de lésiner sur son budget communications, ce cafouillage est inacceptable. Et donne l’impression que la Caisse n’a pas beaucoup de considération pour les usagers qui sont des clients captifs depuis qu’on a retiré la voie réservée et les autobus qui assuraient la navette entre le « 450 » et le centre-ville par le pont Samuel De Champlain.

Je crains que plusieurs usagers des transports en commun qui, comme moi, ne possèdent pas de voiture, commencent à remettre leur choix en question.

Car il n’y a pas que le REM qui connaît des ratés. L’expérience de l’usager de la STM s’est dégradée aussi. Les bus et les métros passent moins souvent, la propreté dans les stations de métro laisse à désirer, le sentiment de sécurité aussi.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Il n’y a pas que le REM qui connaît des ratés. L’expérience de l’usager de la STM s’est dégradée aussi. Les bus et les métros passent moins souvent, la propreté dans les stations de métro laisse à désirer, le sentiment de sécurité aussi.

Et voilà qu’on nous menace de réduire le service si Québec ne délie pas les cordons de la bourse pour combler les déficits des sociétés de transport !

C’est une position de négociation, bien sûr. Mais reste que toute réduction de service serait catastrophique pour ceux et celles qui dépendent à 100 % du métro et de l’autobus pour se déplacer. Et pour l’avenir des transports collectifs en général. C’est le temps d’investir massivement dans le développement de nos réseaux de transport si on veut faire face à la crise climatique intelligemment.

Le blues de l’usager des transports en commun, on l’entend aussi à Québec, où ceux qui rêvaient du tramway voient leur projet s’estomper de jour en jour. Pauvre maire Marchand ! Seulement un tiers de la population de Québec appuierait le projet. Et tant pis si les deux autres tiers manquent de vision et ne voient pas la catastrophe annoncée de la congestion routière et de la pollution. Ils auront sans doute gain de cause.

Le problème, c’est qu’on n’a jamais bien expliqué le véritable coût de l’automobile. Résultat : on a l’impression que posséder une auto ne se résume qu’à des coûts individuels (entretien, essence, permis de conduire et assurance). Le jour où on expliquera clairement, chiffres à l’appui, le coût de l’automobile (routes, entretien, congestion, accidents de la route, pertes de productivité, etc.), la population sera peut-être plus encline à investir des milliards dans une infrastructure de transport qui aura un vrai impact sur la mobilité et la santé des gens.

Je soumets une hypothèse : si les dirigeants et les élus de Montréal et Québec étaient des usagers des transports publics au quotidien, s’ils comptaient sur le métro, l’autobus ou le REM tous les jours pour se rendre au travail, le service serait plus efficace. Invitons donc le ministre responsable de la métropole et de la région de Montréal, Pierre Fitzgibbon, à se déplacer uniquement en transport en commun durant une semaine. Mon petit doigt me dit que le dossier débloquerait peut-être plus rapidement.

Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue