Si certains indicateurs comme le taux de diplomation des jeunes hommes montrent une progression au cours des dernières années, d’autres comme la taille de leur groupe social sont plus inquiétants.

Une bonne santé mentale, mais…

Un peu moins d’un tiers (32 %) des contacts faits par les garçons vers Tel-Jeunes portent sur la santé mentale, c’est 9 % de moins que dans l’ensemble de la clientèle du service destiné aux jeunes de 12 à 20 ans. La gestion des émotions difficiles est la raison principale de la prise de contact chez les adolescents. Les garçons du secondaire sont légèrement plus nombreux que les filles à avoir une santé mentale « florissante » : 51 % pour eux et 44 % pour elles.

Diplomation en hausse

Les garçons sont moins nombreux que les filles à terminer le secondaire et, par conséquent, moins nombreux à entreprendre et à terminer des études supérieures. Or, le taux de diplomation et de qualification des garçons a connu une hausse importante ces dernières décennies : il est passé de 63,1 % pour la cohorte de 1998-1999 à 80,1 % pour celle de 2015-2016. Les filles dominent à 88,4 % pour cette dernière cohorte, ce qui correspond à une augmentation de 10 points de pourcentage.

Moins suicidaires, mais plus violents que les femmes

Le taux de suicide chez les hommes et les adolescents a constamment diminué depuis 24 ans au Québec. Les adolescents de 12 à 17 ans constituent toutefois le groupe d’âge présentant le plus haut taux d’auteurs présumés d’infractions sexuelles et d’agressions sexuelles. La majorité (73 %) des suspects d’homicide ou de tentative de meurtre au Québec étaient de jeunes hommes de 16 à 35 ans, une proportion similaire des victimes appartenaient au même groupe. La majorité (60 %) des meurtres au Québec sont attribuables aux groupes criminels.

Consommation maîtrisée

Au Québec, 94 % des élèves du secondaire n’ont pas de problème « évident » de consommation de drogue ou d’alcool. La consommation d’alcool n’a pas d’effet significatif sur l’indice de santé mentale de la majorité des garçons, sauf ceux du premier cycle du secondaire. Ceux qui consomment du cannabis ou du cannabis et de l’alcool sont toutefois considérablement moins nombreux à avoir une bonne santé mentale et l’écart est marqué chez les élèves de 1re secondaire : 55 % des non-consommateurs ont une santé mentale « florisssante » contre seulement 32 % chez les polyconsommateurs.

Un cercle social qui rétrécit

De récentes études tendent à démontrer que le cercle social des hommes se rapetisse. Aux États-Unis, 27 % d’entre eux déclarent avoir au moins six amis proches, deux fois moins qu’il y a trente ans (55 %), selon un sondage du Survey Center on American Life. Pire, 15 % d’entre eux disent n’avoir aucun ami proche, soit cinq fois plus qu’en 1990. Chez les jeunes hommes, 60 % se déclarent célibataires, une proportion deux fois plus grande que chez les jeunes femmes. Ils ne recherchent pas non plus le même genre de relations : les hommes sont plus nombreux à se dire ouverts à des relations occasionnelles.

De grands consommateurs de porno

Au Québec, 68 % des adolescents âgés de 14 à 18 ans regardent à l’occasion de la pornographie, selon un récent sondage. Chez les garçons, la proportion monte à 85 %.

Violences sexuelles : la loi du silence

La parole des hommes victimes de violences sexuelles pendant l’enfance demeure tabou. Malgré le mouvement #metoo, ils mettent en moyenne 20 ans avant de commencer à en parler. La moitié d’entre eux ne s’ouvrira jamais, selon une étude menée par la professeure de l’UQAM, Natacha Godbout.

Moins à gauche qu’elles

L’écart idéologique entre les jeunes hommes et les jeunes femmes se creuse depuis quelques années. Au Québec, les hommes dans la vingtaine sont restés relativement au centre, alors que les femmes dans la vingtaine sont de plus en plus à gauche idéologiquement, selon les résultats de la dernière étude électorale canadienne. En 2021, l’écart idéologique entre les genres était presque deux plus élevé chez les jeunes (0,83) que dans la population générale (0,49). Le phénomène n’est pas unique au Québec : la même tendance s’observe notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Stagnation au travail

Le taux d’emploi des hommes est relativement stable au Québec depuis 20 ans. En 2022, il était de 64,8 % contre 58,3 % chez les femmes. Statistique intéressante : aux États-Unis, les femmes célibataires sont plus nombreuses à posséder une propriété que les hommes célibataires. Selon le Pew Research Center, elles possèdent 58 % des logements appartenant à des Américains célibataires.

Sources : Tel-Jeunes, Institut de la statistique du Québec, Institut national de santé publique du Québec, CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Pew Research Center, Survey Center on American Life