Avec leur plume unique et leur sensibilité propre, des artistes nous présentent leur vision du monde qui nous entoure. Cette semaine, nous donnons carte blanche à l’humoriste Mariana Mazza.

J’ai pris des petites vacances dans le Sud, il y a quelque temps. Je suis allée rejoindre mes amies qui allaient célébrer le mariage de leurs parents. Un beau moment. Doux. Unique. Touchant. Lorsque je suis arrivée au tout-inclus, mes nerfs se sont relâchés, je me suis immédiatement assoupie et j’ai senti que j’allais me reposer.

En regardant autour de moi avec mon verre de mojito et mon livre prêt à être dévoré, je me suis rendu compte que j’allais probablement être la seule à relaxer.

Les mères qui emmènent leurs enfants dans le Sud, ce n’est pas des vacances, c’est du travail en temps double. On aura beau me dire que le soleil offre une forme de relaxation, mais quand tu dois crémer, crier, avertir, jouer, siester, manger... le soleil prend le bord.

Hey les mères : vous êtes des machines.

Je m’adresse à toutes celles qui ont dû faire 45 valises pour 7 jours. Qui ont dû penser aux médicaments, aux lingettes, aux jouets, aux vêtements, aux vêtements de rechange, aux collations, aux crèmes et à tous les autres besoins qu’un enfant aura pour se sortir vivant de ce voyage relaxant.

Je m’adresse à toutes celles qui ont dû sortir les fameux Goldfish au fromage pour éviter la crise parce que mettre la crème solaire, le chapeau, les flotteurs, les sandales, les lunettes, ça peut être suffisant pour qu’un spectacle de décibels très aigus vienne te péter les tympans.

Je félicite toutes celles qui ont une nouvelle activité en tête toutes les 15 minutes parce que l’activité d’avant n’est plus assez efficace pour avoir un moindre répit. Pas que vous n’aimez pas vos enfants, mais ciboire, vous n’arrêtez pas une seconde.

À celles qui s’assoupissent enfin pendant l’heure de la sieste, vers 13 h, sous le palmier et qui se réveillent en sursaut parce que leur enfant est rendu sur elles, les yeux grands ouverts, en souriant, parce qu’il ne veut pas la faire, la sieste.

J’étais étourdie à vous regarder gérer la chaleur, la crème dans les yeux, le pipi surprise, la crise du bacon parce que cinq boules sur un cornet, c’est ça qu’il veut. Maintenant. « JE VAIS TOUT’ LE MANGER, PROMIS ! »

Je vous admire de ne jamais hausser le ton, même quand je la vois, votre veine d’impatience pomper dans votre front. Vous restez en contrôle, mais dans votre tête, c’est le syndrome du petit canard qui patauge vite sous l’eau et qui reste en maîtrise à la surface.

C’est facile pour moi de juger vos enfants qui vous écoutent une fois sur deux. J’aurais aimé, plusieurs fois, lever le ton et leur dire : « ELLE T’A DIT DE PAS COURIR. QU’EST-CE QUI EST SI DUR À COMPRENDRE, CALICE ? »

Certes, j’imagine que vous développez vos techniques (faillibles, il faut le dire) avec le temps, comme tout le monde. Et que ça devient facile. Vous développez des trucs. Vous les aimez. Ce n’est pas toujours rock’n’roll de même. Mais j’ai le tournis quand je vous regarde répéter 4 920 484 fois la même chose qui semble si facile à comprendre.

Je vous admire d’être capables d’être à bout de nerfs et, une seconde plus tard, de vous mettre à danser avec votre enfant au son de la musique latine, comme si rien n’était arrivé.

Parce que c’est ça qui me touche, quand j’essaie de lire pis que je n’y arrive pas parce que vous êtes encore plus fascinantes à regarder que mon livre. Vous vous débrouillez constamment. (Les pères aussi. Mais là, je parle des mères. Désolée.)

Ce qui me touche le plus, c’est rendu au soir, pendant le spectacle de fin de journée. Quand vos enfants sont assis sur vos genoux, avec leur cornet cinq boules et, qu’enfin, vous vous déposez. Vous prenez le temps de regarder le spectacle. Vos enfants sont tranquilles, heureux et reconnaissants (pas tous, mais je suis certaine qu’ils le sont pour vrai, en dedans).

Je vois votre sourire de mère se dessiner sur vos beaux visages rougis par le soleil et vos yeux qui se ferment petit à petit, juste le temps de se reposer deux minutes. Vous me faites du bien. Vous me donnez envie, des fois, d’essayer tout ça. Même si tout est difficile, long, pénible parfois, je suis certaine qu’au fond, ça ne vous dérange pas. Vous revenez à la maison, au bout de sept jours, et vous vous dites : « J’ai hâte de repartir. »

Je vous lève mon verre de mojito, les mères. Vous êtes solides.

N. B. : Je sais que vos enfants font pipi dans l’eau. C’est pas grave. Moi aussi.

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