La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

On entend parfois « le monde sont », avec le verbe accordé au pluriel, comme dans Le monde sont malades, qui est le titre d’un monologue célèbre d’Yvon Deschamps. C’est une erreur qu’on doit corriger, à l’écrit du moins.

Même si le nom monde et la locution tout le monde désignent un grand nombre de personnes, le sujet, monde, est un mot singulier et l’accord du verbe doit aussi se faire au singulier (nous aurons l’occasion de nous pencher sur l’accord d’autres noms collectifs au cours des prochaines semaines).

On écrit donc tout le monde est là, et non « sont là ». Si on préfère accorder le verbe au pluriel, on doit modifier sa phrase en conséquence : ils sont tous là, toutes les personnes attendues sont là.

Une autre expression qui signifie aussi tout le monde ou chaque personne est également malmenée. On écrit bien tout un chacun et non « tous et chacun ». Cette expression s’emploie aussi au singulier. Tout un chacun sait cela.

Cependant, des ouvrages comme le Dictionnaire des difficultés et pièges de la langue française (Larousse) et Pièges et difficultés de la langue française (Bordas) recommandent d’éviter cette expression à l’écrit pour employer plutôt simplement chacun, ou tous, ou tout le monde : cette affaire est connue de chacun, l’histoire est connue de tous ; c’est accessible à tout le monde.

La Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française signale par ailleurs que l’emploi du nom monde pour désigner un certain nombre de personnes peut être perçu comme familier, dans une phrase comme : Le lundi matin, le monde est toujours en retard à la réunion. Le fait que le verbe soit accordé au singulier ne change rien à la chose.

Dans un article de presse, on évitera cette tournure – acceptable toutefois dans une chronique, où tous les registres de langue sont permis. On écrira plutôt, par exemple : Le lundi matin, les employés sont toujours en retard à la réunion.

Enfin, pour corriger une formulation comme « le monde sont découragés », on écrira par exemple les gens sont découragés.

Courrier

Élu par acclamation

De nombreux candidats ont été élus ou réélus sans opposition en novembre dernier. On a également beaucoup lu ou entendu l’expression élu ou réélu par acclamation. Est-ce que cette expression est juste ?

Réponse

La locution adverbiale par acclamation est encore parfois considérée comme fautive au Québec et si on l’emploie, on se fera sans doute dire qu’il s’agit d’un anglicisme. Il semble toutefois que ce ne soit pas le cas. Dans le dictionnaire de l’Académie française, les dictionnaires Larousse ou Robert, on lit que l’expression signifie notamment « sans recours au scrutin ».

Le Multidictionnaire de la langue française indique qu’on peut « nommer, élire, voter par acclamation », c’est-à-dire « nommer, élire, sans qu’il soit besoin d’un scrutin ». Le Robert & Collins traduit « to be elected by acclamation » par : « être élu par acclamation ».

Cependant, dans TERMIUM Plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada, on lit l’observation qui suit : « Cette expression comporte une idée de choix unanime ; elle ne peut, par conséquent, s’appliquer à un candidat élu du fait qu’il n’a pas eu de concurrent. »

De plus, le site de l’Assemblée nationale donne l’explication suivante : « On disait autrefois “élu par acclamation”. Cette expression rappelle l’époque où la mise en nomination se déroulait en assemblée publique convoquée par l’“officier-rapporteur” et que les noms étaient proposés de vive voix. S’il n’y avait qu’un candidat, il était proclamé élu sous les acclamations de la foule présente. »

Il se peut donc qu’on préfère éviter la locution par acclamation, même s’il est possible de l’employer, selon certaines sources. On peut alors écrire qu’un candidat a été élu sans opposition, ou élu sans concurrent.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.