The Death and Life of John F. Donovan, le film «maudit» de Xavier Dolan, a pris l'affiche hier en France. La critique hexagonale est divisée à son sujet, mais quand même plus bienveillante que la critique anglo-saxonne qui a suivi sa présentation au festival de Toronto l'an dernier. Le premier long métrage en anglais du cinéaste québécois sera-t-il sauvé par les Français?

Aucun film ne peut espérer faire l'unanimité en France. Ma vie avec John F. Donovan - titre français du septième long métrage de Xavier Dolan - recueille tout de même les éloges de quelques médias «de référence». Parmi les plus enthousiastes, citons le magazine Première («le premier film de Dolan en langue anglaise est l'un de ses meilleurs»), Les InrocksMa vie avec John F. Donovan: le meilleur film de Xavier Dolan?»), Télérama dans sa version «Pour» («Dolan déploie, cette fois, un romanesque hollywoodien, légèrement suranné et d'emblée savoureux») et L'Obs, qui en a fait son choix de la semaine.

On émet plus de réserves dans L'Express («les comédiens font le boulot, mais Dolan ne semble pas très à l'aise avec ses histoires trop fabriquées, à la fois proches et loin de lui») et dans Le Monde («au final, les circonvolutions narratives du récit s'épuisent à cacher son thème essentiel»). Libération titre pour sa part «Une Vie en dents de scie». 

Le film ne trouve guère grâce aux yeux de La Croix («[il] déçoit par un scénario et une construction trop alambiqués»), du Figaro («difficile de mettre en cause la sincérité de Dolan [...]. Mais qui trop embrasse mal étreint») et du Parisien («on a beau être fan des oeuvres du jeune prodige québécois, on est déçu»).

Une stratégie réglée au millimètre près

Ma vie avec John F. Donovan a pris l'affiche hier dans l'Hexagone sur plus de 300 écrans. Le distributeur français, Mars Distribution, peut diffuser le film sur son territoire sans l'aval de Séville International, la société qui en possède les droits de vente internationale, car il a investi une bonne somme dans la production du premier film en anglais du cinéaste québécois. 

Nos cousins d'outre-Atlantique ont ainsi la possibilité de voir ce film dont on parle depuis plus de deux ans, alors qu'aucune date de sortie n'est encore fixée chez nous.

Pour orchestrer la mise en marché du long métrage, le distributeur français a élaboré, selon le journal La Croix, «une stratégie marketing au millimètre près», avec interviews du réalisateur à quelques médias ciblés (Télérama, Quotidien avec Yann Barthès sur la chaîne TMC, Le cercle à Canal+, et quelques autres). 

Les propos tenus par le cinéaste «prodige» (ce qualificatif revient pratiquement dans tous les papiers) lors de ces interviews, notamment ceux diffusés par l'hebdomadaire Télérama, ont ensuite été relayés par plusieurs autres publications. Deux des vedettes du film, Kit Harington et Susan Sarandon, se sont aussi rendues à Paris pour assister à la première du film et accorder quelques entrevues au passage.

Dans l'interview publiée par Télérama, Xavier Dolan revient en outre sur la première mondiale de The Death and Life of John F. Donovan au Festival international du film de Toronto (TIFF).

«L'expérience la plus désagréable, la plus dévalorisante de toute mon existence. Un chaud et froid radical. D'un côté, l'émotion de la salle lors de l'unique projection, de l'autre, les critiques américaines assassines.»

«Après la première de Toronto, et le verdict des professionnels, je n'ai plus eu aucun contact avec le distributeur québécois, qui est aussi le vendeur international du film et semble l'avoir enterré», ajoute-t-il. 

La société Séville International espère conclure une entente avec un distributeur américain avant de fixer la date de sortie du film au Québec.

Rappelons qu'en 2014, Mommy a attiré près de 1 200 000 spectateurs dans les salles françaises. Deux ans plus tard, Juste la fin du monde a aussi franchi la barre du million d'entrées.