Inspiré d'une nouvelle de Philip K. Dick, Total Recall de Paul Verhoeven est l'un des meilleurs films d'Arnold Schwarzenegger. Mais le long métrage date de 1990. En cette ère des remakes, il était temps de lui donner un coup de jeune. Le réalisateur Len Wiseman explique pourquoi.

Len Wiseman n'a pas la tête de l'emploi. On l'imagine très bien en conjoint de Kate Beckinsale et en réalisateur des Underworld qui la mettent en vedette. Là où on s'étonne, c'est quand il se définit comme un geek : son image n'est pas celle qui vient spontanément à l'esprit quand on pense aux fanboys. Pourtant, en entrevue avec La Presse, il aligne les références pertinentes sans faire de l'épate, avec un naturel qui ne vient qu'avec le savoir bien intégré.

Bref, quand un film s'ouvre par une année située dans un futur plus ou moins proche, Len Wiseman est au rendez-vous. En se faisant confier les  rênes du remake de Total Recall, «le film d'Arnold» qui est aussi celui de Paul Verhoeven, il s'est donc retrouvé à chevaucher un rêve et une réalité. Ce qui n'a pas été sans le servir pour rendre à l'écran le destin de Douglas Quaid, travailleur ordinaire mal dans sa vie désirant s'évader grâce à une «implantation» de souvenirs qui ferait de lui un espion de haut-vol.

Mais l'aventure qu'il vit est-elle vérité ou imagination? «Je désirais que chaque scène puisse être comprise des deux manières», indique le réalisateur qui avait un tableau dans son bureau afin de se retrouver lui-même dans les interprétations de ce que traverse le personnage. «J'ai bien sûr ma propre opinion sur l'épisode que vit Quaid, et une personne attentive aux détails peut découvrir vers quelle position je tends.»

Rester rationnel

Ainsi, dans l'esprit de Len Wiseman, Total Recall version 2012 joue davantage la note «question existentielle» et «tourments psychologiques» que l'original, qui date de 1990 et mise davantage sur l'action pure. Pour porter ces questionnements, le réalisateur a fait appel à Colin Farrell, un acteur possédant une palette de jeu plus étendue qu'Arnold Schwarzenegger. Autour de lui, la femme qui dit être son épouse, incarnée par celle de Len Wiseman, Kate Beckinsale; et la femme qu'il voit en rêve, jouée par Jessica Biel.

Deux brunettes reprennent donc les rôles autrefois tenues par la blonde Sharon Stone et la brune Rachel Tricotin. «Je tenais à engager deux actrices qui ont une certaine ressemblance, cela me semble plus logique et intelligent.» Autant de choses qu'est Cohaagen, le Chancelier tout-puissant joué par l'excellent Bryan Cranston. «Si vous implantez des souvenirs à quelqu'un, le faites vivre avec une «fausse» épouse, vous devez vous arranger pour qu'elle ressemble un peu à la véritable personne qu'il aime. Comme ça, si de vrais souvenirs remontent à la surface, il y a une similitude entre le vrai et le faux», poursuit le réalisateur pour qui le rationnel, même-et-surtout en science-fiction, est d'une importance primordiale.

Par exemple, le look de la United Federation of Britain et de la Colony (les deux nation-états qui dominent le monde) n'est pas «futuriste façon les Jetson»: «Je voulais un design qui semble «bâti» à partir de ce qu'on a aujourd'hui, pas quelque chose de différent simplement pour faire différent. Les gratte-ciel ressemblent à ceux qui existe de nos jours - mais avec ce que les progrès technologiques ont pu apporter.»

D'autant que tout, dans ce remake, se déroule sur Terre : en effet, contrairement à Quaid-Arnold, Quaid-Farrell ne se rend pas sur Mars. «C'est ce qui m'a attiré dans le projet, affirme le réalisateur pour qui l'avancée technologique des effets spéciaux est une raison de refaire un film mais ne doit pas être la seule. J'ai lu le scénario et, dans un premier temps, j'ai trouvé bizarre cette absence de Mars. En même temps, je perdais tous mes repères par rapport au film original. Et j'ai mordu à l'histoire, je n'ai plus pu décrocher.»

Conclusion:  mieux vaut aborder ce Total Recall nouveau avec une mémoire non programmée.

Total Recall (Mémoires programmées) prend l'affiche vendredi. Les frais de voyage ont été payés par Sony Pictures.